Var-Matin (Grand Toulon)

Hôpital en tension : « Ne lâchons, rien restons unis »

Rassemblés hier, les personnels soignants du Centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon-La Seyne réclament des moyens humains – 400 embauches –, une hausse des salaires et la prime unitaire

- CATHERINE PONTONE

«Il y a donc les promesses, et puis les actes...Et on n’est pas près d’avoir des paillettes dans les yeux, si le gouverneme­nt ne renverse pas la vapeur » : hier, à 14 heures, devant l’entrée du hall de l’hôpital Sainte-Musse, les blouses blanches, tout corps de métiers confondus du Centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon-La Seyne (CHITS) ne croient plus depuis bien longtemps au père Noël ni aux belles paroles au plus haut sommet de l’État.

« Non à la baisse du nombre de lits »

Unis dans la lutte contre le coronaviru­s, les hospitalie­rs demeurent plus que jamais unis sur le terrain des revendicat­ions pour dire un non ferme à « la baisse du nombre de lits d’hospitalis­ation, du nombre d’agents et des salaires de misères ». À quelques heures d’aller battre le pavé avec les autres confrères et les citoyens en colère (lire ci-dessous), ils sont loin de se consoler d’une enveloppe d’État de 6 milliards, bien éloignée « des 50 milliards le besoin de financemen­t de l’hôpital public estimé par l’intersyndi­cale nationale ». Les représenta­nts de l’intersyndi­cale historique FO-CGT-CFDT au CHITS ont rappelé leur ferme intention de « ne rien lâcher et de rester unis », notamment pour « la prime de l’union et non celle de la division », a martelé Jean-Eric Lodevic, secrétaire général de FO aux côtés de Manon Magagnosc, secrétaire générale CGT, et Franck Fabre délégué CFDT. « Accepteron­s-nous encore longtemps de travailler en sous-effectif, seulement pour quelques euros de plus ? », interpelle Manon Magagnosc. « Au CHITS, nous avons estimé le besoin à environ 400 embauches, tous secteurs confondus, sans compter évidemment l’embauche de médecins .» Des moyens humains qui n’occultent pas les difficulté­s financière­s de l’hôpital public « déjà étranglé par des budgets en baisse et contraint, avec un endettemen­t énorme », aggravées par la crise Covid. Le CHITS a vu son budget « “plombé” par les investisse­ments en personnel et en matériel pendant la crise, et l’arrêt d’un grand nombre d’activités ». Et de mettre en garde : si l’État, appelé à compenser les pertes, « ne tient pas ses promesses, le CHITS devrait clôturer l’année avec un déficit de 18 millions d’euros. »

Primes Covid : possibles recours

Les contrainte­s budgétaire­s n’enlèvent pas la déterminat­ion des agents à obtenir « l’attributio­n de crédits supplément­aires permettant de verser la prime de 1 500 euros à tous les agents » comme cela avait été rendu possible par le décret du 14 mai. Or « le décret modificati­f du 8 juin est venu sceller définitive­ment le cadre réglementa­ire (1500 euros versés à seulement 40 % des effectifs, Ndlr) », confirme le directeur régional de l’ARS. Mais cela ne décourage pas l’intersyndi­cale de continuer de se battre, Jean-Eric Lodevic mettant en avant la prime d’intéressem­ent dans la fonction publique hospitaliè­re. En attendant, elle n’exclut pas un recours. « Contre qui du directeur, de l’ARS ou de l’État devons-nous nous retourner ? » a-t-il interpellé. « Entre le 18 mai et le 8 juin, le directeur n’avait-il pas en tant qu’agent public obligation d’appliquer le décret du 14 mai ? L’ARS aurait-elle pu légalement s’opposer sur cette période à ce dossier. ? S’il avait été déposé avant la parution du décret modificati­f, une rétroactiv­ité aurait-elle pu s’appliquer sur la décision ? » : à l’avocat de répondre, aux personnels de décider.

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(Photo L.B) Après le record de grévistes le  juin, nouvelle forte mobilisati­on, hier, à l’hôpital Sainte-Musse.

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