Sporting : Joye répond à Boudjellal
C’est peu dire que Claude Joye n’a pas apprécié la dernière sortie médiatique dans nos colonnes de Mourad Boudjellal. Il tient à faire connaître son sentiment
L’actionnaire majoritaire du Sporting Club de Toulon parle peu. Difficile de savoir réellement ce qu’il pense de la situation actuelle du SCT et de l’arrivée (ou non) de Mourad Boudjellal au sein du club. Mais les dernières déclarations de l’ancien président du RCT ont fait bondir Claude Joye. Qui a tenu à apporter certaines précisions. Sans langue de bois...
Comment avez-vous accueilli les déclarations de Mourad Boudjellal dans nos colonnes mercredi ?
Avec stupéfaction. C’est tout simplement hallucinant, surtout lorsqu’il déclare avoir le sentiment d’être tombé dans un piège lors de la conférence de presse du vendredi précédent à Bon Rencontre. Il a pourtant l’habitude de ce genre d’exercice après ans au RCT, non ? Je tiens à rappeler quand même que c’est lui qui a choisi la date et convoqué la presse. C’est encore lui qui a choisi de parler de l’OM d’entrée. Personne ne lui a forcé la main. Ni moi, ni Guillaume Deville. Vous pensez sincèrement que nous aurons pu l’influencer à ce point ? Si le sujet le gênait, il n’avait qu’à préciser en préambule qu’il n’était pas là pour parler de ça. Effectivement, dans nos locaux et avec la Rascasse en arrièreplan, ce fut mal accueilli par nos supporters.
Il répond ne pas avoir pris la mesure de la rivalité entre les supporters des deux clubs... Là encore, je tombe des nues. Surtout pour un Toulonnais pure souche comme lui. En N, nous établissons toujours notre record en termes de fréquentation contre la réserve de l’OM. Ce n’est pas un hasard et tout le monde le sait. L’antagonisme ne date pas d’aujourd’hui. Cette rivalité existe depuis des lustres et a pris une dimension supplémentaire au milieu des années . Que Mourad Boudjellal l’ignore me semble bizarre. Idem lorsqu’il parle de cinq montées en dix ans. Je ne sais pas à quoi il fait référence... Visiblement, il n’est pas en phase avec l’histoire du Sporting...
Vous semblez perplexe. Je ne sais pas à quoi joue Mourad Boudjellal. Un pas en avant, deux en arrière comme depuis des semaines et des semaines. Il pratique la politique de la terre brûlée. Comment construire dans ces conditions ?
Il annonce pourtant vouloir construire au Sporting... Sauf que Mourad Boudjellal a pris la mauvaise habitude de ne pas faire les choses dans l’ordre. Je vais être clair. Aujourd’hui, il n’a aucune fonction au club, aucun pouvoir décisionnaire. Son arrivée au Sporting est liée à une condition suspensive qui est celle de son désengagement avec l’OM. Que je sache, ce n’est pas encore le cas. On ne peut pas courir deux lièvres à la fois. Dans ces conditions, il n’est pas habilité à nommer un directeur sportif ou qui que ce soit. Quand la situation sera éclaircie, et elle le sera car il y a une « deadline », alors notre accord stipule qu’il aura ce pouvoir-là. Pour le moment, ce n’est pas le cas. Et puis, il faut avoir les moyens de ses ambitions...
Ce n’est pas le cas ?
Nous avions décalé notre passage à la DNCG au mardi juin pour pouvoir augmenter notre budget grâce à l’arrivée de Mourad Boudjellal. Son nouveau contre-pied nous a empêchés de le faire. Du coup notre masse salariale reste encadrée au même niveau. Par ailleurs, il n’a cessé de faire baisser la somme concernant le sponsoring qu’il devait amener au club. Au départ c’était , million, puis ce fut , million, puis euros et désormais euros. Quand vous enlevez les % de rémunération auxquels il a droit, il ne reste pas grandchose pour faire des folies.
Des folies nommées Bafé Gomis ou Pascal Dupraz ? Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Chacun son style. Personnellement je suis plus pragmatique. Je n’aime pas communiquer tant que rien n’est signé. Faire rêver les gens peut entraîner de la déception si rien n’est suivi d’effet. Chacun assumera ses déclarations et ses choix.
Vous assumez donc les vôtres ? Oui et voilà pourquoi je suis toujours là. La solution de facilité aurait été de quitter le navire après le naufrage de la saison passée. Pour moi, il était hors de question de partir sur un échec dont j’assume en grande partie la responsabilité. Nous nous sommes trompés sur le recrutement, sur le remplacement du coach et sur d’autres sujets aussi. Comme la plupart de mes joueurs, je découvrais le National. J’ai commis des erreurs que je ne referais plus...
Comme de se « couper » des anciens joueurs ? C’est en effet un cas concret, même s’il y a Alfano, Ferreri ou Zanotti. Voilà pourquoi j’ai de nouveau ouvert la porte à d’anciens joueurs comme Rebecq (U) ou Luccini (U) chez les jeunes. Sans doute aurais-je dû m’appuyer davantage sur un Fred Brando ou un Fred Meyrieu. Mais il faut replacer les choses dans le contexte de l’époque. Quand j’ai sauvé le club il y a dix ans, on m’avait annoncé un déficit n’excédant pas euros. En réalité il était de , million... Du simple au quadruple. Alors oui, j’ai choisi de m’entourer de gens de confiance et de couper les ponts avec le passé. Mais qui n’aurait pas fait comme moi dans une situation pareille ? J’ai injecté millions d’euros de mon argent propre et de celui de mes sociétés depuis mon arrivée au club dont la saison dernière en National. Le club est sain financièrement et ça, c’est du concret.
On ne peut pas courir deux lièvres à la fois ”