Rubirola : la « bonne maire »
L’élue de 63 ans, candidate de l’union de la gauche et des écologistes a obtenu la majorité absolue, 51 voix sur 92 conseillers, grâce au soutien de dernière minute de la sénatrice ex-PS Samia Ghali
Après 25 ans de règne de Jean-Claude Gaudin, la gauche a reconquis le fief Républicain de Marseille avec l’écologiste Michèle Rubirola, première femme à diriger la deuxième ville de France. Dès l’annonce du résultat, les centaines de personnes rassemblées près de la mairie, sur le VieuxPort, ont hurlé leur joie, à coups de « Merci, Merci » et « Michèle, Michèle » lors de l’apparition de l’élue pour un bain de foule, après son premier discours de maire. Médecin dans les quartiers populaires de la ville (lire en page 52), âgée de 63 ans, elle l’a emporté au second tour, lors du premier conseil municipal de la mandature, « 3e tour » des municipales à Paris, Lyon et Marseille, où le scrutin a lieu par secteur. Avec 51 voix, la cheffe de file du Printemps Marseillais, large alliance de partis de gauche, écologistes et collectifs citoyens, a devancé le député LR Guy Teissier (41 voix). Plombée par sa défaite dans son fief des 6e et 8e arrondissements et par une enquête sur de possibles fraudes aux procurations, Martine Vassal avait passé le relais à ce dernier jeudi. Les larmes aux yeux, sous les applaudissements, Michèle Rubirola monte sur l’estrade. Il est 15 h 10 : Jean-Claude Gaudin lui remet l’écharpe de maire avant de s’esquiver et de prendre définitivement sa retraite politique.
« Le clanisme a vécu »
« Je dis bonne chance à Marseille », a salué l’ancien maire, dans un ultime communiqué. « Le clanisme, le népotisme et le clientélisme ont vécu », a promis la nouvelle élue, dans un premier discours adressé « à toutes les Marseillaises et tous les Marseillais, aux “gens de peu”, aux “gens de rien”, ceux à qui il ne reste que leur dignité ». Citant Blaise Cendrars, pour qui « Marseille appartient à qui vient du large », elle a salué le succès de la large alliance qui l’a portée au pouvoir : « Je ne sais pas si le Printemps Marseillais vient du large, mais je sais qu’il vient de loin. » « Je n’ai jamais exercé ce type de fonction politique. Mais ne doutez pas de ma détermination. » Candidate au premier tour de vote, Samia Ghali, la sénatrice ex-PS victorieuse dimanche dans les 15e et 16e arrondissements, avait mis fin à tout suspense avant ce second tour en annonçant « apporter son soutien à Michèle Rubirola » ,qui venait aussitôt la remercier et l’embrasser. Autre possible trouble-fête, le Rassemblement national et ses neuf élus avaient quitté la séance depuis longtemps : « Nous laissons (entre eux) les magouilleurs, les marchands de tapis », avait tonné le sénateur Stéphane Ravier.
Benoît Payan premier adjoint
Arrivé largement en tête au second tour des élections municipales dimanche, avec 38,3 % des suffrages, soit plus de 13 000 voix d’avance sur les listes LR (30,8 %) conduites par Martine Vassal, présidente de la métropole et du département, le Printemps marseillais aura longtemps tremblé.
Le président de la métropole élu jeudi
En l’absence du RN, c’est Mme Ghali et ses huit colistiers qui détenaient les clefs du bureau de maire, avec sa vue imprenable sur Notre-Dame-de-la-Garde. Et jusqu’au bout elle aura durement négocié, après avoir revendiqué vendredi le poste de première adjointe. Une requête aussitôt balayée par Mme Rubirola, qui avait refusé ce « chantage ». Pour elle, ce sera finalement la place de deuxième adjointe, le porte-parole de Rubirola, Benoît Payan, chef de file de l’opposition socialiste lors de la précédente mandature et cheville ouvrière du Printemps marseillais devenant, lui, premier adjoint. Si les Républicains ne dirigent plus Marseille, ils pourraient en fait détenir le vrai pouvoir avec la métropole, qui va élire son nouveau président jeudi. Et celui-ci pourrait être une présidente : Martine Vassal, déjà à la tête de cette institution depuis 2018, après en avoir hérité de... Jean-Claude Gaudin.