Var-Matin (Grand Toulon)

Bateaux échoués une longue procédure pour les retirer

Si un bateau met quelques minutes pour s’échouer, il faut souvent des mois pour qu’il soit extrait de sa position. Les difficulté­s d’identifica­tion des propriétai­res peuvent ralentir la procédure

- SYLVAIN MOUHOT

Du fait d’un linéaire côtier dépassant les 100 km (îles comprises), il n’est pas rare que des bateaux s’échouent sur le rivage hyérois. Des embarcatio­ns battues par le ressac, désossées par les éléments et/ou pillées par l’homme ne donnent pas une très bonne image de la ville. Mais l’enlèvement des épaves est sujet à des délais administra­tifs importants. À chaque signalemen­t d’un bateau échoué, la police municipale fait un rapport auprès du Cross-Med qui se charge de joindre le propriétai­re. Si celui-ci est identifié, assuré, solvable et volontaire, pas de problème : l’enlèvement peut aller assez vite.

Mises en demeure et mains levées

Mais si cette recherche est infructueu­se, il faut passer par la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer (l’ex-DDE) qui mène sa propre enquête et envoie une mise en demeure au propriétai­re. Dernier cas de figure, un propriétai­re non identifiab­le ou qui laisse les courriers sans réponse : c’est dans cette situation que le bateau restera plusieurs mois sur la grève. Qu’il aura le plus de chances d’être pillé. Savoir aussi que plus un bateau est ensablé et plus le coût de son extraction sera important. Si pour les usagers de la plage rien ne se passe en apparence et qu’on laisse perdurer le problème, la DDTM rédige en réalité des mains levées qui autorisent la commune à retirer les bateaux et à les mettre en destructio­n. C’est là qu’intervient le fameux temps de latence administra­tive. Combien de temps le fut du canon metil pour refroidir après que l’obus a été tiré, s’interrogea­it Fernand Raynaud. Un certain temps.

Une épave retirée, d’autres en attente

Exemple aux Salins, un bateau échoué en octobre 2019 n’a été retiré qu’à la mi-juin. Aux Salins toujours, la ville a reçu l’autorisati­on d’enlever le bateau à moteur échoué sur la digue du port. « On a identifié un propriétai­re étranger. Il y a de gros moyens à faire intervenir, mais on va le faire prochainem­ent », explique Jean-Philippe Kulus, directeur de la police municipale. Autre exemple à l’Almanarre Sud (plage des Estagnets) où un voilier échoué depuis l’hiver dernier devait être déclaré épave avant d’être enlevé. A L’Ayguade, la ville attend un retour de la DDTM pour l’extraction de trois bateaux de 5 à 6 m. La ville d’Hyères ne règle que le transport, ce qui représente un coût de 10 000 à 15 000 par an. Pour la destructio­n, elle passe par l’Associatio­n pour la plaisance éco-responsabl­e (APER) qui gère une filière de déconstruc­tion propre. « Quand nous avons l’autorisati­on de nous substituer au propriétai­re, nous engageons l’opération et lui envoyons la facture en passant par le Trésor public. C’est arrivé l’an dernier à la Capte pour un propriétai­re non assuré », reprend JeanPhilip­pe Kulus. Cela fait partie du problème, il n’y a pas d’obligation d’assurer un bateau. Autre difficulté : tous les bateaux ne sont pas immatricul­és, certains n’ont qu’un nom de baptême et un port d’attache. La plupart des bateaux échoués le sont sur le littoral continenta­l, rarement sur les îles. Les avaries surgissent lors de mouillages individuel­s, hors saison, en l’absence du propriétai­re. Le plus souvent, elles concernent des unités qui n’utilisent pas les zones de mouillages réglementé­es, par souci d’économie.

Cette année, la préparatio­n des plages a été retardée par le confinemen­t, les agents municipaux ayant été placés en chômage partiel. « Les travaux qu’on réalise en marsavril ont été déplacés en mai. Mais ce décalage est maintenant comblé », explique Magali Bayle, chef du service littoral de la ville d’Hyères. Une tâche importante consiste à retirer la posidonie sur certaines zones de baignade, une opération très encadrée. L’enjeu est de ne pas perturber les secteurs en proie à l’érosion, comme aux Vieux Salins. Entre le  mai et le  juin, la posidonie a été retirée à la Badine, la Bergerie et partiellem­ent à l’Almanarre, direction un terrain près du quai de transfert des ordures ménagères, route des Marais. La posidonie y restera jusqu’à l’automne avant d’être replacée dans son milieu naturel. Son rôle de conforteme­nt du cordon dunaire est maintenant bien connu. « C’est une recherche permanente d’équilibre entre l’accueil du public sur nos plages et une gestion respectueu­se de l’environnem­ent », relève Magali Bayle. L’entretien des plages se fait tous les matins, grâce à une ratisseuse et un tracteur râteau. Dix-sept agents, dont une majorité de saisonnier­s, font le ramassage des déchets, tous les jours. Le nombre de poubelles a été augmenté, vu les dépôts sauvages de déchets observés en fin de confinemen­t. Pour rappel, des cendriers de plage sont disponible­s dans tous les postes de secours, du er juillet au  août.

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