L’affaire du corps découpé dans une valise en feu
En récidive criminelle devant la cour d’assises du Var, Roger Haerter encourt la perpétuité pour le meurtre d’un ami. Il présente sa mort comme un accident et nie avoir découpé son corps
Devant une cour d’assises, en cas de crime de sang, l’expérience montre qu’audelà du fait de donner la mort et de la manière de le faire, le sort réservé à la dépouille a une influence significative sur la dureté de la peine. Toute atteinte macabre portée à la victime post-mortem semble considérée comme une circonstance aggravante, au moment de décider du nombre d’années de prison. Depuis hier dans le box des assises du Var, Roger Haerter est accusé d’avoir tué un de ses amis à coups d’objet contondant sur la tête, d’avoir ensuite découpé son corps en morceaux pour le mettre dans une valise et des sacs, avant d’y mettre le feu. Ces faits se sont produits le 26 décembre 2016, vers 11 heures, à La Valette-du-Var.
Un accident
Roger Haerter, un Toulonnais de 45 ans, qui est en récidive légale et encourt donc une condamnation à perpétuité, nie les faits. D’après les indications qu’il a données à la cour à l’ouverture de son procès, la mort de Hakim Ouadi, 31 ans, qu’il avait connu en détention, serait le résultat d’un accident domestique malencontreux. En résumé, Hakim Ouadi, qui serait venu à son domicile pour l’aider, aurait glissé dans le bac à douche de la salle d’eau et sa tête se serait cognée deux fois contre la céramique, avant de pousser son dernier soupir.
Un équarrissage
Pourquoi Roger Haerter n’a-t-il pas appelé les pompiers ? « J’ai eu peur d’avoir des ennuis. » Il dit avoir demandé à un dealer connu en prison de l’aider à sortir le corps de son appartement. Pendant qu’il était sorti de la salle d’eau, celui-ci avait, de sa propre initiative, découpé le corps à la scie à bois et l’avait emballé sans l’en avertir, le mettant devant le fait accompli. Quant à lui, il avait alors chargé les sacs et la valise dans sa voiture, s’était procuré de l’essence, et avait été jusque sur un parking du Pradet pour mettre le feu à ce sinistre chargement. Il n’a jamais donné le nom de ce comparse trop empressé.
Coups de gourdin ou de marteau
Après l’intervention des pompiers, les enquêteurs de la PJ ont récupéré sur le corps une carte bancaire partiellement brûlée au nom de Hakim Ouadi. Parmi les dernières opérations bancaires réalisées par la victime, il y avait l’achat d’un billet Bastia-Toulon sur un bateau, au nom de Roger Haerter. Celui-ci était alors détenu au centre pénitentiaire de Casabianda et avait bénéficié d’une permission de sortie pour les fêtes de fin d’année. Les factures détaillées des téléphones utilisés par l’accusé et la victime ont montré qu’ils étaient ensemble le jour du crime entre 11 h 08 et 12 h 26, à portée d’un relais couvrant le domicile de Roger
Haerter. A 11 h 34, le téléphone de Hakim Ouadi avait envoyé un dernier message avant d’être éteint à 12 h 39. Hier soir, le médecin légiste a indiqué que la victime avait succombé à des fractures importantes et complexes de la boîte crânienne. Selon l’expert ces lésions n’étaient pas compatibles avec une chute de la victime, de sa hauteur, sur un bac à douche, mais plutôt avec des violences exercées par un tiers, avec un gourdin ou un marteau. « A priori, il était déjà décédé quand son corps a été découpé. » La cour entendra aujourd’hui d’autres experts et des témoins.