Des spéléos auscultent le canal des arrosants
Besse L’ASA des canaux de l’Issole a fait appel à des spécialistes six-fournais en hydrospéléologie pour une inspection minutieuse du boyau moyenâgeux sous la rue Jean-Aicard
«I ci, le patrimoine associé à l’eau est remarquable », soulignent les dirigeants bessois de l’ASA des canaux de l’Issole, le président Sylvain Audemard et son bras droit, Jean Matéo. Besse, ville d’eau ? L’association syndicale autorisée atteste : « On y trouve des sources qui alimentent le village, la rivière Issole qui traverse la commune, un lac et son réservoir amont (le Laqué), une mare temporaire (Gavoty, catalogué en Natura 2000), des fontaines classées fournissant une eau de qualité… » Sans oublier « leur » réseau arrosant pouvant irriguer plus de 70 hectares. Ni l’ancien moulin à huile, restauré, surplombant toujours le lac et autrefois actionné par l’eau de ce fameux canal. Ce boyau moyenâgeux, justement, l’ASA l’a fait examiner dans une partie de sa traversée souterraine du village… Etonnant ballet, l’autre matin, rue Jean-Aicard. Un petit groupe se forme. Des villageois et trois hommes en combinaison - bottes casque qui vont franchir un soupirail ; les fameux SixFournais du SpéléH2O. Des spécialistes des réseaux hydrauliques souterrains appelés pour parcourir quelque 200 m sous la rue JeanAicard, le long de cette partie du canal des arrosants. Une expédition « pour établir un état des lieux ». Soit « l’accessibilité, les obstructions éventuelles, la solidité du bâti, les éventuels déversements d’eaux, pluviales ou usées… » Les pros des gouffres et rivières souterraines n’ont pas la tâche aisée. Au mieux à quatre pattes, parfois en rampant le menton dans l’eau, ils examinent cet ouvrage, datant du XIIe siècle, sous toutes les coutures. Cela, pour étayer un rapport détaillé, argumenté par des photos, vidéos et relevés topographiques.
« Comme dans une grotte »
Les experts se sont émerveillés de « certaines sections magnifiques, comme dans une grotte, tapissées de concrétions calcaires ». Ceux qui n’en ont pas usage connaissent généralement peu ce syndicat des arrosants. Sur la commune de Gaspard, il concerne près de deux cent quatre-vingts adhérents, propriétaires de quelque cinq cents parcelles. L’ouvrage, imaginé au Moyen-Age, devait permettre d’assainir la plaine de Besse. Et alimenter les roues à aubes du moulin à farine.
Jean Matéo précise encore : « Le canal principal est long de trois kilomètres et demi et sa première fonction est l’irrigation des terres agricoles, entre Sainte-Anastasie et Besse… » Les arrosants et la commune se partagent, peu ou prou, quatre-vingt mille mètres cubes d’eau par an, puisés dans l’Issole, à SainteAnastasie, par le jeu de martelières. Les uns, de jour, pour imprégner leurs jardins – comme ceux de la rue
Jean-Jaurès –, l’autre, de nuit, pour apporter du volume au lac… hors les mois de sécheresse. « Ce canal traverse le village et rejoint l’Issolette, au niveau de la cave coopérative », dit encore Jean Matéo. Dans son dos, à la remontée des spéléos, quelques anciens se remémorent le temps où ils « rentraient » dans le canal pour le désensabler. Une autre époque !