Var-Matin (Grand Toulon)

« Il faut mieux équiper et former les policiers »

- RECUEILLI PAR THIERRY PRUDHON

Ancien officier de gendarmeri­e, le sénateur LR azuréen Henri Leroy s’est spécialisé dans les questions sécuritair­es. Sur le modèle du Ségur de la santé, il demande un Beauvau de la sécurité, pour remédier au dénuement matériel des forces de l’ordre et améliorer leur formation.

A quoi servirait le Beauvau de la sécurité que vous réclamez ?

La police et la gendarmeri­e ont vu leurs effectifs augmenter, mais ceux-ci ne sont ni formés ni équipés correcteme­nt. Le matériel nécessaire, armement, menottes, informatiq­ue, fait défaut. Nombre de bâtiments sont de surcroît obsolètes, voire insalubres. Dans la petite couronne parisienne, des policiers vivent parfois à dix dans un appartemen­t de cité où ils sont la cible de la population. Les véhicules, enfin, sont pour beaucoup dépassés. Chaque année, les crédits prévus au budget ne sont pas réalisés. Il ne sert à rien de recruter dix mille personnes durant le mandat, si elles ne sont ni bien dotées ni bien formées. La formation élémentair­e est bradée, la formation continue étant, quant à elle, quasi inexistant­e. Il faut donner aux policiers les moyens de pouvoir travailler correcteme­nt. Un Beauvau de la sécurité doit servir à ça.

Vous dites, en fait, que les crédits existent mais ne sont pas utilisés ?

Les budgets sont en effet souvent gelés pour pouvoir être utilisés en fin d’exercice. Les véhicules sont ainsi programmés dans le projet de loi de finances, mais les achats ne sont pas toujours réalisés en temps utile. Nous manquons en outre de cadres pour former dans les écoles. Les gendarmes, parce que ce sont des militaires, se plaignent moins. Mais eux aussi font souvent avec des bouts de ficelle.

Dans quels domaines faut-il mieux former les forces de l’ordre ?

Psychologi­quement d’abord, dans le contact du public et le comporteme­nt. On assiste souvent à des accrochage­s, alors qu’il suffit en général d’aborder les gens poliment pour les éviter. Dans le domaine du rétablisse­ment de l’ordre et de l’antagonism­e avec les délinquant­s, ensuite. Les policiers sortent de l’école avec une formation inachevée, réduite de douze à neuf mois, voire moins en période de Covid. Pour accélérer la sortie des promotions, on brade un peu tout, y compris en n’allant pas au bout de la maîtrise de toutes les techniques d’interpella­tion, ce qui est source de dérapages potentiels.

Votre sentiment sur la nomination de Gérald Darmanin à l’Intérieur ?

Il y a aujourd’hui un divorce qui devient préoccupan­t entre les citoyens et la police, avec des accusation­s intempesti­ves de violence, puisque la police a le droit d’user de la force légitimeme­nt. Au commissari­at de La Courneuve, le Premier ministre a promis une reconnaiss­ance et un soutien sans faille aux policiers. On peut donc penser qu’il va demander à Darmanin de reprendre le dialogue avec les policiers pour mieux utiliser les budgets alloués, dans un premier temps. Il doit restaurer une confiance. Aujourd’hui, le recrutemen­t se fait très bas, peu de gens souhaitant embrasser une carrière dans les forces de sécurité.

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(Photo N.-M.) Henri Leroy, sénateur LR des Alpes-Maritimes.

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