Var-Matin (Grand Toulon)

Le mystère de l’eau polluée à la source du fleuve de l’Argens

L’Agence de santé a effectué hier des prélèvemen­ts, à la suite des analyses du sous-traitant Veolia, qui a décelé bactéries et traces de pesticides au niveau de la zone de captage du fleuve

- S. CHAUDHARI schaudhari@varmatin.com

Après l’épreuve du confinemen­t et du déconfinem­ent, la commune de SeillonsSo­urce-d’Argens doit faire face à un autre problème de taille : la pollution de sa source d’eau potable. Hier matin, un agent de l’Agence régionale de la santé (ARS) est venu sur place effectuer des prélèvemen­ts. Ils font suite à ceux réalisés mardi dernier par le soustraita­nt Veolia (la régie de l’eau étant municipale) dans le cadre des mesures d’autocontrô­les. Les résultats internes tombés vendredi en fin de journée ont été implacable­s : la présence de bactéries est trop importante par rapport au seuil toléré. Des traces ont été retrouvées également dans le château d’eau, desservant toutes les habitation­s. Dès lors, toute la chaîne d’alerte et d’interventi­on municipale s’est mise en route.

Distributi­on de bouteilles d’eau

Les Seillonnai­s ont été invités, dès vendredi soir, à ne pas boire l’eau du robinet, à ne pas l’utiliser pour le lavage des dents et des aliments. Il a été décidé de distribuer, dès le lendemain, samedi, des bouteilles d’eau à la population (2500 habitants). Trente-quatre palettes de bouteilles d’eau ont été commandées entre vendredi soir et hier. Chaque palette contient 84 packs de six bouteilles d’un litre et demi. Depuis samedi, après « surchlorat­ion » (désinfecti­on) de l’eau, l’eau du robinet est redevenue potable mais « déconseill­ée » par la commune qui continue de distribuer l’eau en bouteille en mairie et au local des services techniques, rappelle Stéphane Oddone, directeur de la régie.

Cette mesure durera jusqu’à la levée d’alerte, décrétée par l’ARS. Aucune intoxicati­on n’a été relevée depuis le début de l’affaire et il n’y a aucune conséquenc­e pour les communes en aval.

Réparation du préjudice subi

Les analyses ont par ailleurs relevé la présence de traces de pesticides. Une source d’étonnement supplément­aire pour le maire Stéphane Arnaud, précisant que la source se situe au milieu de 2000 hectares de végétation (forêt, etc.) sur les hauteurs, éloignée des exploitati­ons agricoles et que le site n’a pas connu de lessivage des sols par d’éventuelle­s pluies. « Nous avons de toute façon proscrit l’utilisatio­n des produits de type glyphosate en 2014 à notre arrivée à la mairie », précise Stéphane Arnaud. Reste à savoir d’où vient cette contaminat­ion. Toutes les hypothèses seront passées au crible : gibier mort, matières fécales, etc. « Je vais saisir l’intercommu­nalité compétente en matière d’eau et d’assainisse­ment afin de repérer particulie­rs et établissem­ents recevant du public utilisant une installati­on d’assainisse­ment non collectif », précise le

maire. Autre hypothèse du premier magistrat : « La décharge à ciel ouvert située dans le Vallon des Abeilles ». À l’automne dernier, une délibérati­on a été votée par le conseil municipal afin de dépolluer le site ouvert « ilya quarante ans ». Le résultat des prélèvemen­ts effectués par l’ARS tombera en fin de semaine mais nul ne peut dire quand les investigat­ions prendront fin. Le maire de la commune annonce d’ores et déjà, qu’à l’issue, il faudra qu’il ait « réparation du préjudice », amorçant un volet judiciaire.

 ?? (Photos Hélène Dos Santos) ?? Toutes les causes de contaminat­ion seront passées en revue : gibier mort, matières fécales, intrusion d’eau brute, etc.
(Photos Hélène Dos Santos) Toutes les causes de contaminat­ion seront passées en revue : gibier mort, matières fécales, intrusion d’eau brute, etc.
 ??  ?? Stéphane Oddone est le directeur de la régie municipale de l’eau. La baisse du niveau de chlore laisse penser à une dégradatio­n de la qualité de l’eau.
Stéphane Oddone est le directeur de la régie municipale de l’eau. La baisse du niveau de chlore laisse penser à une dégradatio­n de la qualité de l’eau.
 ??  ?? La station de relevage se situe à quelques mètres en contrebas de la zone de captage. Elle fait l’objet de toutes les attentions.
La station de relevage se situe à quelques mètres en contrebas de la zone de captage. Elle fait l’objet de toutes les attentions.
 ??  ?? Stéphane Arnaud, maire de la commune, s’étonne de la présence de pesticides après avoir proscrit leur utilisatio­n à son arrivée, dès .
Stéphane Arnaud, maire de la commune, s’étonne de la présence de pesticides après avoir proscrit leur utilisatio­n à son arrivée, dès .
 ??  ?? Des packs d’eau sur le parvis de l’hôtel de ville.
Des packs d’eau sur le parvis de l’hôtel de ville.

Newspapers in French

Newspapers from France