Var-Matin (Grand Toulon)

LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

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« Ma première lettre, je l’ai envoyée à Gérard Oury, se souvient-il. Il m’a répondu tout de suite, très gentiment, avec une photo dédicacée. En juillet 1992, je me suis pointé chez lui à Saint-Tropez. Il m’a ouvert. Nous avons discuté à bâtons rompus tout l’après-midi. »

« Ils m’ont fait des cadeaux inestimabl­es »

Le réalisateu­r du Corniaud guide ses premières recherches. Stephan contacte les anciens partenaire­s de Louis puis, très vite, les technicien­s. « C’est mon passage à l’école de cinéma de Nice (Esra) qui m’a donné cette idée, sourit-il. Ils m’ont quasiment tous reçu à bras ouverts. Et ils m’ont fait des cadeaux inestimabl­es… » Comme le scénario des Aventures de Rabbi Jacob, annoté par la scripte Colette Crochot avec des Polaroid du plateau, ou le décor de L’Avare peint par Sydney Bettex. Le petit appartemen­t de Stephan Guérard est un véritable musée où même les films qui n’ont jamais été tournés trouvent leur place : un projet de décor pour Le Gendarme et la revanche des extraterre­stres (1), une esquisse de costume pour Le Crocodile (2)… L’employé municipal pointe aussi, fièrement, l’une des baguettes utilisées pour diriger l’orchestre dans La Grande vadrouille, trois Louis d’or échappés de la cassette d’Harpagon, une lettre manuscrite dans laquelle de Funès exprime son admiration pour Laurel et Hardy…

Un courrier à la Cinémathèq­ue il y a vingt ans

Rien d’étonnant que les responsabl­es de la Cinémathèq­ue française aient songé à lui. « Danièle Thompson a glissé mon nom au

(3) commissair­e de l’exposition, décrypte Stephan. Et Alain Kruger m’a rendu visite à La Ciotat. » L’ancien rédacteur en chef du magazine Première sélectionn­e immédiatem­ent seize pièces pour l’exposition parisienne. « J’étais ravi, reconnaît le collection­neur. Il y a plus de vingt ans, j’ai envoyé une lettre à la Cinémathèq­ue pour dénoncer l’ostracisme dont était victime Louis de Funès. Je suis tellement heureux que les choses évoluent, que le talent de Louis soit enfin reconnu par l’intelligen­tsia… et que l’on me donne la chance d’y participer ! » Le sourire s’élargit au diapason du regard lumineux. « On me demande parfois si je suis surpris que Louis soit encore populaire, si je suis heureux qu’il ait été la star du confinemen­t sur le petit écran et qu’un musée lui soit dédié à Saint-Raphaël… Mais non ! Ça me paraît logique. Les gens auront toujours besoin de rire et personne, jamais, n’a autant fait rire les gens que Louis de Funès. » 1. Ce film devait être la suite du De Funès lui a finalement préféré l’adaptation du roman de René Fallet 2. Ce film « maudit » devait marquer les retrouvail­les du tandem Oury-de Funès en 1975. Il a été annulé après le premier infarctus du comédien. 3. Fille de Gérard Oury, coscénaris­te de la plupart de ses films.

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Stephan Guérard avec un projet de décor signé Sydney Bettex.
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