Var-Matin (Grand Toulon)

Le skipper varois Clément Giraud touche au but

Alors qu’il croyait son rêve de Vendée Globe englouti, Clément Giraud est parvenu à refaire surface. Il devrait même en terminer ce matin avec le prélude à la grande aventure de novembre

- RAPHAËL COIFFIER

“Jérémie Beyou, c’est le gars qui m’a dit : « Pour que ça marche, tu tires à fond et quand t’es à fond, ben t’en remets un petit peu, et là ça marche. » Bon visiblemen­t, ça fonctionne bien sa technique. Allez hop, je suis à fond et je vais en remettre un petit peu !”

Douze chiffres à composer. Une longue tonalité. Puis, dans le vacarme assourdiss­ant du grand large, une voix. La voix. De Clément Giraud. Embarqué, presque par miracle, dans la première Vendée-Arctique... Là, dans le coeur de l’océan, le solitaire n’a que quelques minutes pour se conter. Des instants fugaces de confession avant que l’Atlantique ne le rappelle à l’ordre...

Barre cassée et bricolée

« Ça va. Ça va. » Avant même d’évoquer sa course, il rassure son petit monde. Un peu inquiet après des soucis de pilote automatiqu­e sur courant alternatif. Une barre cassée et bricolée... « Ce sont des choses qui arrivent. Surtout que je n’ai pas trop eu le temps de naviguer avec le bateau. » Ce fameux Imoca – Vers un monde sans sida – tombé du ciel. Prêté au résilient Varois par le généreux Erik Nigon, touché par ses mésaventur­es... Le miraculé des océans s’est donc adapté à sa nouvelle monture. Comme sur un fil. Toujours aux aguets. Au point, en ce 14 juillet, d’être rattrapé par l’ennemi du marin : le sommeil ! « J’avais oublié de mettre le réveil et j’ai eu un black-out. Rien de méchant... » Au réveil, l’horizon n’avait pas bougé. Seul le vent lui tenait un discours soutenu... « Il y a près de 25 noeuds. De travers. La mer est hachée. Oui, là, ça va vite. » Si vite que Clément, certes loin des meilleurs, pourrait bien pointer le bout de son étrave ce matin aux Sables d’Olonne encore endormis. À la 16e place. Mais qu’importe le classement tant que la boucle est bouclée. Que son projet de qualificat­ion pour le Vendée Globe est encore à flots.

Bonne répétition avant le Vendée

« C’est une bonne répétition. Je vois mes lacunes. Le travail qu’il me reste à accomplir. Mais je n’en suis pas encore là... » Être au départ de l’Everest, le 8 novembre prochain, aux cotés d’un autre Sudiste, Sébastien Destremau, dépendra des cordons de la bourse. Mais nul doute que devant tant d’abnégation, les partenaire­s monteront, demain, à son bord. « On verra. En tout cas, je constate que je suis dans le match. Je m’accroche et mon ambition est intacte... » Ces deux semaines, en solitaire, n’ont ainsi pas eu raison de son rêve de tour du monde hostile. Pas un sombre nuage n’est venu troubler son cap. Et lorsque le blues s’est invité sur le pont, Clément s’est plongé dans la lecture. S’est laissé bercer par la musique. « Quand j’avais une heure à tuer, ça faisait du bien. Car, forcément, parfois la famille te manque... » La famille. Elle le guette. Au bout de la digue. Pour l’étreindre. Avant, encore, qu’il ne lève l’ancre.

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(Photos Vincent Olivaud et DR) Le skipper varois n’aura pas été épargné par les tracas lors de cette Vendée Arctique les Sables d’Olonne. Mais il a tenu le choc !
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