Du confinement, il en a tiré un recueil de poésie
Ghislain Loussingui a profité de la pause imposée par le virus pour inciter de nombreuses personnes à la réflexion et à l’introspection. Lui-même en a tiré son troisième recueil de poésie
Le confinement lié à la pandémie de Covid-19 a créé toutes sortes de sentiments intimes. Certains y ont vu une parenthèse enchantée pour faire le point sur leur vie, rebondir, se réinventer. D’autres ont expérimenté la peur de la maladie, l’angoisse de la mort et une forme de liberté sous contrainte. Ghislain Loussingui, plus connu sous le pseudonyme de Mystik, acteur majeur de la scène rap des années 1990, ne s’est jamais aussi bien porté. Établi à Hyères depuis quelques années, il explique : « J’ai vécu les meilleurs moments de ma vie de famille. J’ai redécouvert mes enfants (Kimia, 6 ans et Wamé, 2 ans). Je me suis rendu compte que j’étais pauvre d’eux à cavaler un peu partout, seulement une berceuse ou un petit bisou sur le front avant de dormir. Pendant le confinement, on s’est redécouvert par le jeu. Je me rends compte que mon aînée a beaucoup d’humour et une boulimie d’apprendre ». De ce black-out anxiogène, de l’information vampirisée par l’épidémie, l’artiste a fait table rase. Il vit sans télévision, ça aide. Sur la négativité expérimentée sur les réseaux sociaux, il a mis un masque. « Je me suis ressourcé comme jamais », ditil. Et il est passé à l’action. Intervenant à l’école de la deuxième chance (La Garde, Brignoles, Fréjus, Draguignan), il est le tuteur affectif de jeunes adultes bousculés par la vie, marginalisés par leur sortie du système scolaire, en quête de repères. Ses moyens d’action, le verbe et la créativité. Ghislain Loussingui est un activiste de la positivité. « J’ai eu la chance de vivre ce moment si particulier du confinement avec mes proches. Je me suis enrichi de ma famille et j’ai eu le besoin de restituer cette énergie ». Il crée l’atelier « Jeudi plume » sur Whatsapp et demande à ses élèves d’exprimer leur ressenti, leurs espoirs et
leurs angoisses dans des textes à lire face caméra. « Ça a commencé à prendre et j’ai écrit moi-même des textes sur le confinement, que je postais sur les réseaux » L’effet boule de neige de la communauté aidant, des dizaines de personnes se sont dévoilées par l’écrit, en France, à Londres, au Burkina Faso... « J’ai été impressionné de voir autant de talents émerger. Des rappeurs ont changé leur façon de composer. Moi-même, j’ai exprimé des choses que je n’avais jamais dites sur mes
enfants, mes frères et soeurs. » En s’explorant, Ghislain Loussingui a trouvé matière à un troisième recueil de poèmes (1), « sans doute mon bouquin le plus intime ». Ugo et Jérémy, deux stagiaires assez réservés de l’école de la deuxième chance, ont aussi le projet bien avancé d’un livre sur leur vision du confinement et d’une expo de peinture à la rentrée. 1. « Poésie confinée » de Ghislain Loussingui, 60 pages, 14 euros. À commander sur www.ghislainloussingui.fr