Les - ans en difficulté ont un toit résidentiel
Unique en France, la résidence sociale à orientation éducative du fort Saint-Antoine, gérée par Apprentis d’Auteuil, accueille ses premiers jeunes travailleurs depuis début juillet
Il a fallu huit ans pour assister à l’aboutissement d’un projet pour accompagner des jeunes en difficulté vers une autonomie... Avec l’arrivée des premiers résidents du foyer de jeunes travailleurs géré par les Apprentis d’Auteuil, le directeur, Frédéric Baudot, qui « a pensé et construit le projet y compris en terme architectural », mesure le chemin parcouru aux côtés de son adjoint, Eric Caliendo, et de l’ensemble de l’équipe. La résidence sociale à orientation éducative (RSOE) du fort SaintAntoine est née en lieu et place de la vieille école de la Valbourdine. Celle-ci avait été cédée à l’époque par la Ville « pour accompagner les jeunes adultes », comme l’avait souhaité le maire Hubert Falco en confiant le site à Frédéric Baudot. Il accueille déjà depuis le 2 juin l’équipe encadrante de ce premier foyer qui, précise le directeur, « pourrait bénéficier du label de résidence sociale orientation éducative dans le cadre du plan national de lutte contre la pauvreté. » Un véritable tremplin social-éducatif pour les 16-25 ans sortis de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ou de parcours de protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Il a pu voir le jour avec l’appui précieux des pouvoirs publics (lire par ailleurs), lesquels ont, aussi, repéré ces publics.
« Etre dans la continuité des parcours »
Quels sont-ils ? Avec l’association Adepape, Frédéric Baudot a coanimé un groupe de travail pour « éviter les sorties dites sèches de l’aide sociale à l’enfance, et trouver des réponses concrètes à l’accès d’autonomie des jeunes. »« Il s’agit d’être dans la continuité des parcours. Nous ne sommes pas dans le verbiage, mais dans les actes concrets. Nous avons la possibilité de palier une iniquité sociale, insiste le directeur. Nous avons des critères très sélectifs mais objectifs sur la capacité d’inclusion sociale pour des personnes qui ont eu des parcours de vie défavorisés. »
Les atouts ? Permettre aux jeunes d’avoir « une prise en charge cousue main pour vivre et être soutenu à la demande. »
« Critères sélectifs »
Pour bénéficier de cet accueil, il faudra répondre à des critères.
La solvabilité : « Grâce à l’État, nous avons obtenu le maximum de possibilités de couverture par l’allocation pour le logement (APL). Cela peut aller jusqu’à 400 euros pour un loyer de 430 euros. Cela implique que les jeunes ont forcément un salaire (contrat d’apprentissage, CDI, CDD, une formation professionnelle…) « Il faut qu’il y ait un reste à vivre qui soit d’au moins 300 euros, voire 350 euros pour supporter les aléas de la vie. C’est très facile d’accès », commente Frédéric Baudot. Sur les 43 logements individuels équipés, quatre grands studios de 31 mètres à 497 euros sont couverts par les APL. Ils peuvent accueillir trois personnes dont un couple avec un enfant.
Pas ou peu de recours familiaux :
« Celui-ci nous distingue des autres foyers jeunes travailleurs. Sans ce dispositif, les jeunes sont réellement menacés de décrochage social alors qu’ils ont un boulot. » Pour le directeur, il ne s’agit pas de faire « un accueil de confort. »« Si nous mettons autant de moyens en face, c’est qu’il y a des vrais besoins », commente Frédéric Baudot.
L’envie de s’en sortir :
« Chaque jeune doit exprimer clairement une envie de s’en sortir et venir aussi avec le pacte éducatif qui est mis en place, c’est-à-dire l’accompagnement d’une équipe pluridisciplinaire renforcée », commente le directeur. Le potentiel pour s’en sortir. « Il faut que le jeune ait eu le temps de traiter les problématiques handicapantes avant d’entrer dans le dispositif avec des règles de fonctionnement », précisent les co-directeurs très attentifs aux candidatures.
« Un lieu de vie »
« Je voulais le mieux pour les jeunes défavorisés. Je veux qu’ils s’y sentent bien. Nous sommes dans le logement mais pas dans de l’hébergement
», confie le directeur. Le but est d’offrir un toit résidentiel dans laquelle les jeunes locataires doivent se sentir bien, se stabiliser et se projeter durant la durée du séjour. « Celui-ci est de deux ans maximum », précise le directeur adjoint, Eric Caliendo. Il peut être prolongé en fonction des besoins repérés. « Nous allons les aider à sortir d’inégalités de destins et en faire des jeunes autonomes », conclut Frédéric Baudot.