Var-Matin (Grand Toulon)

Monaco : 10 000 € d’amende pour avoir falsifié des échantillo­ns de mortier

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Le 11 février dernier, absent à l’audience, le gérant de la SARL La Monégasque de travaux spéciaux était condamné par défaut à 10 000 euros d’amende. Le tribunal correction­nel de Monaco l’avait déclaré coupable d’avoir remis deux échantillo­ns falsifiés de mortier à la société Sigma Béton, dans le cadre de l’énorme chantier d’extension en mer du Portier, dans la principaut­é. Mais l’intéressé avait fait opposition au jugement. L’affaire est revenue devant la même juridictio­n, avec la présence effective du prévenu.

« Je suis à l’origine du faux »

Le groupe Bouygues Constructi­ons, soucieux de maintenir les propriétés constantes du matériau dans le temps et résister aux contrainte­s des forces de contact comme aux réactions chimiques, s’était référé aux avis d’entreprise­s spécialisé­es. À ce stade, la SARL monégasque était chargée des prélèvemen­ts pour le compte de la société Sigma Béton. Il était question de contrôler la compositio­n du béton utilisé pour les dix-huit caissons destinés à contenir le terre-plein. Mais deux documents étaient sujets à caution par leurs contenus inexacts entre avril et mai 2017. Le géant du BTP en faisait part à l’entreprise concernée… Le gérant a reconnu les faits devant le tribunal. « Je suis à l’origine du faux. Une des éprouvette­s avait été perdue. Plutôt que d’essuyer des pertes financière­s et surtout d’éviter de décevoir, j’ai remis un échantillo­n falsifié. » Le président Florestan Bellinzona apparaît surpris et étonné. « C’est un peu léger comme réaction. N’est-ce pas pire de contrefair­e plutôt que d’avouer la perte d’un échantillo­n ? » D’après le profession­nel en génie civil, le risque était inexistant. « On fait trois prélèvemen­ts par semaine et cet épisode n’a ni perturbé ni arrêté le chantier. » Petite moue du magistrat à la vue d’un casier judiciaire où figurent trois condamnati­ons pour faux en écriture privée, homicide involontai­re sur le lieu de travail et infraction routière.

« La suite aurait pu être différente »

Alors, préjudice et gravité figurent-ils réellement dans ce dossier ? Les conséquenc­es de la modificati­on de la formule ne changent rien à la gravité de l’infraction pour la procureure Alexia Brianti. « La suite aurait pu être certaineme­nt différente si le prévenu avait dit la vérité. Deux condamnati­ons précédente­s sont en relation directe avec l’infraction et le non-respect des règles imposées. Finalement, la peine proposée de 10 000 euros est proportion­née. » Le tribunal a suivi les réquisitio­ns du ministère public.

 ?? (Photo Bouygues TP) ?? Condamné par défaut, l’auteur des certificat­s controvers­és pour évaluer la qualité du béton avait fait opposition au jugement. Sa peine a été confirmée.
(Photo Bouygues TP) Condamné par défaut, l’auteur des certificat­s controvers­és pour évaluer la qualité du béton avait fait opposition au jugement. Sa peine a été confirmée.

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