Au coeur du métier de maman à plein temps ou à la retraite
Romancière la plus lue de France en 2019, Virginie Grimaldi persiste et signe avec le très attendu Et que ne durent que les moments doux, déjà numéro 2 des ventes. Un récit entre rires et larmes, toujours à fleur d’émotion.
La néonatologie est un endroit que l’on imagine glauque. Sauf qu’il y a le personnel soignant, et que ça change tout !”
L’une, Lili, vient de donner naissance à un bébé arrivé trop tôt. L’autre, Elise, vient de voir ses grands enfants quitter le nid. Son fils laisse un vide immense, mais aussi son chien farfelu ! L’une doit apprendre à être maman à temps plein, l’autre à être mère à la retraite. Tel est le propos de Et que ne durent que les moments doux. Dans ce roman choral de Virginie Grimaldi, où cette Bordelaise se dévoile plus que jamais, il est question de ces moments qui font basculer la vie, de ces vagues d’émotion qui balaient tout sur leur passage. Un récit feel good, mais qui ne sombre ni dans le pathos, ni dans la mièvrerie. Bien au contraire, Et que ne durent que les moments doux est de ces livres, rares, qui nous rassérènent, nous font grandir et nous donnent des envies de cadeau.
Quel a été le point de départ de ce roman ? La naissance de mon fils, il y a un an. Il est arrivé plus tôt que prévu, difficilement, j’ai eu très peur. Ayant perdu notre premier enfant à la naissance, toutes les cicatrices qui n’étaient pas très bien fermées se sont rouvertes. Finalement notre fils avait une pathologie assez répandue, qui se soigne très bien. Mais pendant quarante-huit heures, ça a été l’incertitude ! Ce livre est le seul que j’ai écrit sans aucun recul, en étant à vif, mue par une sorte de besoin impérieux. L’histoire commençait déjà à s’écrire dans ma tête. Dès que je me posais devant l’ordinateur, ça jaillissait.
Au passage, vous rendez dans ce récit un bel hommage aux soignants ? Oui. La néonatologie, comme tous les services hospitaliers, est un endroit où l’on n’a pas envie d’aller, que l’on imagine glauque. Sauf qu’il y a le personnel soignant, et que ça change tout ! J’ai découvert des personnes extraordinaires, qui se donnent corps et âme. Je les ai vues faire des heures supplémentaires, dans une chaleur écrasante, puisqu’il n’y a pas la clim’ en néonat, sans rechigner. Dans un vrai don de soi. Elles parlaient à chaque bébé comme si c’était le leur, avec une douceur et une bienveillance que je n’oublierai jamais. J’avais envie de parler de ces rencontres indélébiles et marquantes. C’est pour cela que j’ai tenu à ce que tous les droits de mon dernier recueil de nouvelles, Chère Mamie en confinement, soient reversés aux soignants. C’était ma façon de me sentir un peu moins inutile.
Ce qui vous intéressait, c’était d’évoquer la maternité ? Oui. Je prends le biais de la prématurité, mais en réalité je parle de la maternité. Parce que même si notre bébé arrive à terme, on a toujours un lot d’angoisses qui arrivent en même temps que lui, c’est un package universel ! Même si on est quelqu’un de serein, on ne l’est plus, on ne dort plus jamais tranquille. Notre enfant devient le centre du monde. Je suis même prête à lui laisser le dernier carré de chocolat, à lui et à personne d’autre ! (rires)
À l’opposé de Lili, il y a Elise ?
Oui, elle incarne cet autre bouleversement. Celui que l’on ressent lorsqu’après avoir eu comme priorité son enfant pendant une vingtaine d’années, tout à coup on redevient sa propre priorité. On est habité par cette dualité : le bonheur de voir son enfant suffisamment solide pour s’envoler loin, et en même temps cette tristesse de le voir partir. Je me projette beaucoup : mon aîné a huit ans, mais j’ai l’impression qu’il va partir demain, et je suis déjà nostalgique à l’avance !
Parlez-nous des « parents câlineurs »... Dans tous les services de néonat ou les unités kangourous, des bénévoles triés sur le volet viennent câliner les bébés, lorsque leurs parents ne peuvent pas venir. Il y a Les blouses roses qui font cela, et d’autres associations locales ou nationales. Des études ont prouvé que ça améliorait le pronostic des nouveau-nés, leur fréquence cardiaque, ça leur donne des endorphines. Il y a donc des personnes qui viennent prodiguer des câlins aux bébés qui en ont besoin, et je trouve ça bouleversant.