Introspection et douce mélancolie
L’artiste installé sur la côte basque a profité du confinement pour transfigurer ses anciens titres et donner forme à Inner Songs.
J’ai gagné le droit de créer librement”
Jérôme Amandi alias Talisco n’est pas vraiment angoissé de nature. Ni un maniaque du contrôle. Quand d’autres ne jurent que par les plans de communication ficelés par de grosses équipes, lui préfère conserver la plus grande marge de manoeuvre possible. Dès le début de son parcours, avec ses mélodies entraînantes, à la fois pop-rock et électro, il a réussi à gagner une certaine autonomie financière, grâce à l’intérêt de grandes marques comme Bouygues Télécom et Toyota, désireuses d’utiliser son morceau The Keys (4,4 millions de vues sur YouTube) dans leurs publicités. « J’ai gagné le droit de créer librement », nous explique-t-il depuis sa demeure de la côte basque, avec des oiseaux qui piaillent derrière lui.
Folk d’une nuit d’été
Comme beaucoup, Talisco a mis à profit le confinement pour entamer une phase d’introspection. Tout heureux d’avoir son home studio pour s’occuper l’esprit, il a passé près de deux mois à se plonger dans ses archives personnelles, dans toutes les pistes ayant pris place dans ses trois précédents albums. « J’avais la sensation que tout s’arrêtait, que rien ne redeviendrait plus comme avant. J’ai pris une forme de recul, plutôt agréable. » Jérôme Amandi a retenu dix chansons, qu’il a souhaité passer à la moulinette, afin de leur offrir une seconde vie. Quitte, parfois, à les transformer radicalement, à l’image de A Kiss From LA. « C’était comme une forme de petit challenge, je voulais leur donner une autre gueule. Parfois, j’ai mélangé plusieurs refrains », détaille-t-il. La dimension électronique et la production soignée ont laissé place à un registre plus brut, instinctif. « Ce projet est folk à fond, très dépouillé, peu sophistiqué. Je voulais des guitares qui sonnent “sales”, j’ai enregistré avec un micro ouvert, on entend du souffle, des grésillements, de petits défauts. » Talisco n’avait pas vraiment envisagé de revenir aussi rapidement avec un nouveau disque. Le précédent, Kings and Fools, est sorti en mars 2019. « C’est presque trop rapproché. Mais tout s’est fait comme ça, sans pression. C’est agréable de constater que les retours sont bons. Sans faire une promo classique, on voit que les gens apprécient. Plusieurs titres sont entrés dans des playlists, par exemple. » The K2, Sensation ou encore la version remaniée de Your Wish, autre grand succès de Talisco, sont effectivement addictifs. Inner Songs, né sur un coup de tête donc, n’existe pas encore en version physique. Mais si les compteurs numériques continuent de tourner, la donne pourrait changer. Talisco, lui, est impatient de retrouver la scène. « Avec mes musiciens, on est bouillants », s’amuse Jérôme Amandi. En attendant, il ne restera pas inactif, loin de là. Il mettra à profit l’été pour travailler en tant que réalisateur pour des artistes en développement. Et il se plongera dans son « projet laboratoire », Old Caltone. « C’est un bon moyen d’évacuer des frustrations. Le style est très hybride. J’ai sorti un premier album, Final Horror, qui tournait autour de Dracula, un personnage qui me fascine. Là, j’imagine quelque chose autour d’un serial killer. »