Var-Matin (Grand Toulon)

« Je suis bouleversé­e par la détériorat­ion des fonds marins »

Après La Rivière Atlantique, Arielle Dombasle et Nicolas Ker poursuiven­t leurs manifestes esthétique­s avec Empire. Un nouvel opus entre ombres et lumière, raffiné, porté par ce duo incandesce­nt et plus que jamais dans le flow.

- PAR LAURENCE LUCCHESI llucchesi@nicematin.fr

Dans cet album, planent également les ombres de David Bowie, Nick Cave et Jim Morrison”

Rendez-vous est pris à La Colombe d’or (où une salade porte son nom !), lieu mythique et lié à sa légendaire histoire avec BHL, à Saint-Paul-de-Vence. Elle fait irruption dans le bar, longue liane toute de corail vêtue. Aussi gracieuse que dans le clip de We Bleed For Ocean, l’un des titres de l’album Empire, où elle apparaît en sirène prise au piège dans des déchets plastique. Un film réalisé par Arielle Dombasle elle-même, dans le cadre de la campagne #JeSauveUne­Sirène, Pick up the plastic !, en soutien à la Fondation Nicolas Hulot. Ce qui n’empêche pas Arielle, créature polymorphe, de se transforme­r en mannequin de celluloïd dans un autre clip, celui de Humble Man.

En travaillan­t avec Nicolas Ker, vous vous êtes retrouvée aux côtés d’un être singulier ? Nicolas est un être très à part, avec un grand-père qui était chef du protocole au palais de Norodom Sihanouk. Puis il y a eu les Khmers rouges, la guerre, toute sa famille a été décapitée. Sa mère a pu se sauver avec ses deux enfants parce qu’elle était la femme du proviseur du lycée français de Phnom Penh au Cambodge. Nicolas a ensuite fait Maths Sup, avant de tout laisser tomber pour le rock.

Comment la cantatrice pop que vous êtes a-t-elle rencontré ce crooner post-punk ? C’était il y a six ans, lors d’un concert au Cirque d’hiver à Paris. Il était avec son groupe Poni Hoax et je faisais partie des chanteuses qui accompagna­ient les danseuses burlesques. J’ai été saisie par la voix de crooner de Nicolas. Un timbre d’insurrecti­on, de drames et de douceur. On a commencé à parler de Pasolini, de musique, de bouddhisme, et notre conversati­on ne s’est jamais arrêtée !

Malgré votre altérité ? C’est justement cela qui nous a rapprochés. On a vu qu’il y avait tout de suite de l’inspiratio­n, des champs magnétique­s et on s’est embarqués dans ce premier album, La Rivière Atlantique. Notre projet est devenu tellement ample qu’il a induit Alien Crystal Palace, le film gothico-fantastiqu­e que j’ai réalisé, avec Nicolas. Puis Empire, avec les mêmes musiciens depuis le début, dans une veine plus électro et new-age. Même si ça reste du pop-rock.

Vous avez, dites-vous, donné la vie à cet album notamment lors de vos “errances nocturnes dans un Paris de science-fiction ?” Cela arrive une fois dans une vie, de voir un Paris comme celui-là ! L’enfermemen­t m’étant très pénible, j’ai désobéi en arpentant seule des parcs la nuit. Je suis allée plus tard avec Nicolas, pour le tournage du film d’Humble Man, dans un Pigalle dépourvu de touristes. Il y avait, derrière les vitrines, des lingeries sensuelles, un mannequin qui me ressemblai­t. On a joué làdessus pour créer cette atmosphère si particuliè­re, propice à la fantasmago­rie, baignée par la lumière des néons.

Cet opus, traversé aussi par votre voix céleste, est très habité, voire hanté ? Oui, il y a Desdemona, l’épouse d’Othello, puis des morceaux plus dingues, comme The Palace Of The Virgin Queen ,quiaété inspiré par Mina, le chat de Nicolas, qui adorait le rock ! Dans cet album, planent également les ombres de David Bowie, Nick Cave et Jim Morrison. Quant au seul titre écrit en français, Le Grand Hôtel ,ilades accents gainsbouri­ens.

Parlez-nous de We Bleed for the Ocean... Nicolas a écrit cette chanson qui signifie Nous saignons pour les océans. L’expérience de l’élément aquatique est si importante pour moi que j’ai ressenti, dans ma chair, la détériorat­ion des fonds marins, des rivages, et de tout l’écosystème. Notamment par l’envahissem­ent des détritus et, ce qui est le plus nuisible, le plastique. Même si cette matière est immensémen­t utile et qu’il ne s’agit non pas de l’éradiquer, mais de ne pas le jeter, ou alors le ramasser. C’est notre challenge. Cette campagne met en scène des sirènes, qui incarnent le rêve depuis Ulysse. Sur la vente de chaque album, un euro sera reversé au profit de la Fondation Nicolas Hulot.

 ?? (Photo-collage Patrick Mettraux) ?? Pour tourner le film de la campagne #JeSauve UneSirène, Pick up the plastic !, en soutien à la Fondation Nicolas Hulot, Arielle Dombasle s’est d’abord rendue à Antibes, puis à Tanger et enfin à l’Île Maurice. Faisant à chaque fois le même constat alarmant.
(Photo-collage Patrick Mettraux) Pour tourner le film de la campagne #JeSauve UneSirène, Pick up the plastic !, en soutien à la Fondation Nicolas Hulot, Arielle Dombasle s’est d’abord rendue à Antibes, puis à Tanger et enfin à l’Île Maurice. Faisant à chaque fois le même constat alarmant.
 ??  ?? Empire. Arielle Dombasle et Nicolas Ker.  titres + bonus track. (Barclay)
Empire. Arielle Dombasle et Nicolas Ker.  titres + bonus track. (Barclay)

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