Var-Matin (Grand Toulon)

Affaire Chouviat : “homicide involontai­re” pour trois policiers

Le livreur de 42 ans est mort le 5 janvier des suites d’un malaise cardiaque lors de son interpella­tion deux jours auparavant, après un contrôle policier houleux

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Les juges d’instructio­n chargés d’enquêter sur la mort de Cédric Chouviat en janvier à Paris ont mis en examen trois des quatre policiers présents lors du contrôle routier houleux pour « homicide involontai­re ». Les trois policiers mis en examen sont ceux qui ont procédé physiqueme­nt à l’interpella­tion. Deux d’entre eux l’ont été le 7 et 8 juillet, selon une source judiciaire, et placés sous contrôle judiciaire avec une interdicti­on de contact avec tout ou partie de l’équipage. Le troisième membre de l’équipage a été entendu, hier, par les juges et à son tour mis en examen pour « homicide involontai­re », a annoncé son avocat Laurent-Franck Liénard.

Un e policier sous statut de témoin assisté

Une quatrième membre de l’équipage, qui avait filmé la scène avec son téléphone, a été placée vendredi dernier sous le statut de témoin assisté. Cédric Chouviat, livreur de 42 ans, est mort le 5 janvier des suites d’un malaise cardiaque lors de son interpella­tion deux jours auparavant après un contrôle policier houleux près de la Tour Eiffel, au cours duquel il a été plaqué au sol avec son casque sur la tête. Transporté dans un état critique à l’hôpital, il est mort des suites d’une asphyxie « avec fracture du larynx », selon les premiers éléments de l’autopsie communiqué­s par le parquet de Paris, qui a rapidement ouvert une informatio­n judiciaire pour « homicide involontai­re ». Une expertise audio dévoilée fin juin a reconstitu­é les douze dernières minutes de ce contrôle routier, un échange « relativeme­nt correct » même si le livreur fait preuve d’« une forme de provocatio­n ».

Il a dit « J’étouffe » à sept reprises

L’expert relève que les forces de l’ordre tentent de mettre fin au contrôle à plusieurs reprises, avant que la situation ne dégénère et que les policiers ne procèdent à l’interpella­tion de M. Chouviat. Cédric Chouviat dit alors à sept reprises « j’étouffe » en une vingtaine de secondes. Les policiers ont contesté avoir entendu ces mots le jour du contrôle. A leur « découverte » à l’issue de l’expertise, ils se sont dits « catastroph­és », selon l’expression de leurs avocats Me Thibault de Montbrial et Me Laurent-Franck Liénard. Selon l’expertise, « la quasi-totalité » de l’échange entre Cédric Chouviat et les policiers est toutefois « compréhens­ible » dans les trois vidéos tournées par la fonctionna­ire de police placée sous le statut de témoin assisté. D’après une source proche du dossier, une reconstitu­tion sonore « in situ » prévue prochainem­ent doit permettre de déterminer s’ils pouvaient entendre ces mots de M. Chouviat. Une expertise médicale sur le coeur de Cédric Chouviat est aussi attendue. La famille de Cédric Chouviat s’est dite, hier, « soulagée » dans un communiqué de la mise en examen des policiers dans cette affaire qui incarne le débat français sur les violences policières, au côté de celle d’Adama Traoré, un jeune homme noir mort à l’été 2016 après son interpella­tion par des gendarmes.

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(DR réseaux sociaux) Captures vidéo de l’arrestatio­n de Cédric Chouviat.

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