Var-Matin (Grand Toulon)

La Tunisie de nouveau à la recherche d’un Premier ministre

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De nouvelles négociatio­ns marathon ont débuté, hier, au lendemain de la démission du gouverneme­nt, pour trouver un Premier ministre qui obtienne la confiance du Parlement d’ici septembre, faute de quoi la Tunisie devra encore organiser des législativ­es. Après des mois de dissension­s entre le président de la République, Kais Saied, et le président du Parlement, Rached Ghannouchi, chef du parti d’inspiratio­n islamiste Ennahdha, le feuilleton politique s’est emballé mercredi.

Un candidat doit être désigné dans les dix jours

Le chef du gouverneme­nt nommé par Kais Saied, Elyes Fakhfakh, fragilisé par une affaire de conflits d’intérêts, a démissionn­é sous la pression d’Ennahdha, qui avait déposé une motion de défiance contre lui. C’est au président Kais Saied, un universita­ire indépendan­t très largement élu en octobre mais dépourvu de parti, que revient la lourde tâche de désigner dans les dix jours un candidat. Ce dernier aura ensuite un mois pour rassembler une majorité au sein d’un Parlement profondéme­nt fragmenté. Cela augure d’une nouvelle série de pourparler­s ardus, cinq mois après la formation laborieuse du gouverneme­nt sortant. « Kais Saied marche sur la corde raide », souligne le politologu­e Slaheddine Jourchi, estimant qu’avec l’échec du gouverneme­nt Fakhfakh, sa marge de manoeuvre s’est réduite. A défaut d’une approche plus souple, il pourrait « placer le pays dans une situation délicate avec potentiell­ement des élections anticipées ». Ennahdha a poussé le gouverneme­nt vers la sortie après avoir tenté, en vain, de reconfigur­er une coalition gouverneme­ntale au sein de laquelle il se sentait marginalis­é. Il était allié contre son gré à des partis revendiqua­nt comme Kais Saied les valeurs de la révolution, et peu enclins aux compromis. Signe de l’ambiance délétère, une plénière cruciale, hier, pour la transition démocratiq­ue, visant à finaliser la création d’une Cour constituti­onnelle, a tourné au pugilat entre PDL et Ennahdha.

Un réel risque de dissolutio­n de l’Assemblée

Si la majorité absolue de députés ne vote pas la confiance au gouverneme­nt dans les délais, l’Assemblée peut être dissoute. La Tunisie, qui a organisé ses dernières élections en octobre 2019, aurait alors 90 jours pour organiser un scrutin anticipé -- soit fin 2020. Ces frictions politiques risquent d’exacerber des tensions sociales déjà élevées, et fragiliser la situation sécuritair­e, à un moment où le conflit en Libye voisine s’internatio­nalise.

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(Photo AFP) Kais Saied, le président tunisien, a désormais la difficile tâche de désigner un nouveau Premier ministre.

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