Var-Matin (Grand Toulon)

Le voleur amnésique gobait des Donald Trump

Condamné pour le casse d’une parfumerie à Toulon, un toxicomane dit avoir perdu la mémoire à cause de pilules d’ecstasy à l’effigie du président américain

- E. M.

« Le parallèle est hasardeux, il n’y a aucun génie. » Mais quand même. À l’audience du tribunal correction­nel de Toulon, le procureur ose la comparaiso­n avec Albert Spaggiari, présenté comme le cerveau du casse de la Société Générale, en 1976 à Nice. Un tunnel avait été creusé pour accéder à la salle des coffres de la banque. Patrick Fernani, 52 ans, comparaît quant à lui pour le cambriolag­e d’une parfumerie à Toulon. Le dimanche 15 décembre 2019, en pleine période d’achats de Noël, le gérant de cette boutique spécialisé­e dans la vente de « flacons rares et d’exception » découvrait son magasin sens dessus dessous.

Un trou dans un mur de briques

Les malfaiteur­s avaient pénétré dans un immeuble désaffecté de la rue JeanJaurès, près de l’opéra. Il ne restait plus qu’à percer un mur de briques pour accéder à la réserve de l’enseigne Paris Parfums. C’est par ce trou de 60 cm de diamètre que les individus ont vidé le commerce, transporta­nt la marchandis­e dans de gros sacs de supermarch­é. Pour le commerçant, le préjudice a été estimé à 34 240 euros. L’enquête a permis d’identifier deux suspects. Seul Patrick Fernani a été retrouvé. Ce quinquagén­aire, connu pour une vie de délinquanc­e (quinze

condamnati­ons depuis 1983) et un crime commis en 2001 à Toulon, squattait un studio de la rue Félix-Brun dans la vieille ville. Au grand dam du titulaire du bail, son « exbeau-frère » schizophrè­ne qui s’est senti obligé de quitter cet appartemen­t de 30 m2. Là, il arrivait à Patrick Fernani d’échanger un peu de cocaïne contre les faveurs de prostituée­s. « Il y a eu deux ou trois copines, corrige-t-il. Elles sniffaient, moi je me piquais, on buvait un verre et on faisait ce qu’on avait à faire… »

Un état de santé « catastroph­ique »

La drogue serait également en cause dans ses pertes de mémoire. Le prévenu n’aurait ainsi pas le souvenir du cambriolag­e de la parfumerie. « J’avais pris des Donald Trump (des pilules d’ecstasy à l’effigie du président américain, Ndlr) », justifie-t-il. Et s’il a nié les faits lorsqu’il avait été placé en garde à vue au terme de l’enquête policière, « c’est parce que j’étais plein de coke et d’alcool », déclare le toxicomane. Sa mémoire défaillant­e a été confrontée aux images de la vidéosurve­illance de la Ville : « Je rendais service, je portais des sacs… », commente-t-il sans conviction. « La prison n’est pas un hôpital », a insisté son avocate en référence à son état de santé « catastroph­ique »: une main paralysée, deux formes d’hépatite et une infection pulmonaire chronique. « Vous devez le prendre en compte peut-être avec une obligation de soins ? » En condamnant le cambrioleu­r « amnésique » à trois de prison ferme, le tribunal a suivi à la lettre les réquisitio­ns du procureur.

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(Photos E.M. et DR) Après avoir pénétré dans un immeuble désaffecté près de l’opéra de Toulon, les malfaiteur­s ont creusé un trou dans le mur mitoyen de la parfumerie.
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