Var-Matin (Grand Toulon)

Les Kovac, frères d’armes

Niko Kovac est l’aîné de Robert, après avoir évolué ensemble en sélection et en club pendant 10 ans, Robert est devenu l’adjoint de Niko depuis 2016. Ils seront de nouveau ensemble à l’ASM

- MATHIEU FAURE

C’est une rareté à ce niveau et Monaco va accueillir un duo atypique sur son banc de touche avec la signature pour trois ans, plus une en option, de Niko Kovac qui sera accompagné de son frère Robert comme adjoint. Après avoir été deux footballeu­rs de niveau internatio­nal, Niko et Robert ont poursuivi leur carrière dans la même direction. Robert est devenu l’adjoint de Niko en 2013 et les deux frangins ont oeuvré 181 fois ensemble sur un banc de touche entre les équipes croates espoirs et A, Francfort et le Bayern Munich. Monaco sera être leur cinquième collaborat­ion commune. Autant dire que le duo est rodé. Difficile de trouver un lien fraternel aussi dense que celui qui lie les frangins Kovac. Niko a trois ans de plus que Robert, le premier était milieu de terrain quand le second jouait en défense. A deux, ils pèsent 167 sélections avec la Croatie (83 pour Niko, 84 pour Robert) avec des styles de jeu bien différents. Niko, c’est le capitaine, le charismati­que, l’ainé, le plus doué intrinsèqu­ement. Robert, c’est le solide défenseur, le soldat loyal et le plus décontract­é des deux. Ensemble, ils ont joué à Leverkusen (19961999), à Munich (2001-2003) et en équipe nationale (1999-2008).

Niko l’esthète, Robert le trait d’union

Dans le couple, c’est Niko l’esthète mais c’est Robert qui s’est forgé le meilleur palmarès, notamment avec le Bayern : deux championna­ts et deux coupes. C’est aussi le seul à avoir joué en Croatie (au Dinamo, en fin de carrière) mais également en dehors des championna­ts germanique­s puisqu’il a pigé deux ans à la Juventus Turin (2005-2007). Mais les Kovac sont avant tout des Berlinois. Niko et Robert sont nés à BerlinOues­t durant la guerre froide au sein d’une famille croate originaire de Livno, à la frontière entre la Bosnie et la Croatie, qui avait quitté la Yougoslavi­e en 1970. Le duo s’est construit ensemble, tout en veillant sur leur petite soeur Nikolina. Les frangins avaient la triple nationalit­é (allemande, croate et bosniaque) mais ils ont choisi de représente­r la Croatie au plus haut niveau. Très vite attiré par le football, Niko se découvre une idole de jeunesse : Karl-Heinz Rummenigge. L’attaquant de la RFA squattera les murs de la chambre familiale avant de devenir son président, en tant que joueur puis en tant que coach, en Bavière. Alors que Niko raccroche les crampons en 2009, Robert l’imite un an plus tard. Et quand l’aîné hérite d’un banc en janvier 2013, le petit frère est dans la boucle. Une affaire de famille qui n’a jamais cessé de se renforcer depuis. « Il est toujours avec moi, il m’appuie et le fera toujours, détaille Niko lors d’un entretien pour la FIFA. On se complète parfaiteme­nt et on se comprend à la perfection. Je suis très confiant à l’idée de travailler avec lui ». Aucune rivalité entre les deux. Uniquement de la loyauté. Avec les Kovac, les rôles sont bien répartis. « Je ne suis pas le genre de personne qui aime être en avant et qui va devoir tout expliquer. J’aime travailler avec mon frère Niko, nous nous amusons vraiment beaucoup dans cette configurat­ion, étaye Robert dans un entretien accordé au Frankfurte­r Rundschau en 2018. Cela correspond aussi à mon caractère et à mon tempéramen­t. Je suis différent de mon frère, Niko est un peu plus sérieux, j’ai toujours été plutôt du genre décontract­é. Je pense que cela correspond bien à notre duo : il est l’entraîneur, je suis l’adjoint. Et l’entraîneur adjoint est toujours le lien entre l’équipe et l’entraîneur. J’essaye de parler aux joueurs de manière détendue et amicale, de me mettre de leur côté. Avec Niko, nous discutons de tout, nous avons les mêmes points de vue sur le football, nous avons joué au football à un niveau similaire, nous avons la même carrière. C’est pourquoi nous nous complétons très bien. Notre relation s’est en fait améliorée au fil des ans, ce qui est normal avec l’âge, vous devenez moins réactif et plus adaptable ». Une manière de fonctionne­r qui a permis au duo de mettre en exergue des principes de jeu : du pragmatism­e, un bloc défensif agressif, du pressing, une grosse capacité d’adaptation et un 3-5-2 qui s’est, petit à petit, mué en 4-2-3-1. Avec le temps, Niko s’est surtout découvert certaines passions, notamment pour les ailiers. « Je suis un grand fan des joueurs de côté. Un exemple, quand je vois Arjen Robben et Franck Ribéry jouer, mon coeur s’emballe », confie-t-il en 2017. Une vision du football qui n’a pourtant pas toujours été bien comprise outre-Rhin. « Sa conception du football n’a jamais été claire », écrivait sèchement l’éditoriali­ste du magazine Kicker lors de son départ du Bayern Munich en novembre. «Les joueurs manquaient d’indication­s tactiques détaillées. En fait Kovac avait déjà perdu son équipe la saison dernière, seul le doublé coupe/championna­t a masqué les véritables relations au sein du vestiaire. » Sur le Rocher, le duo va avoir une nouvelle occasion de démontrer à quoi ressemble leur conception du football. En famille.

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(Photos AFP et Dylan Meiffret) Niko et Robert Kovac, le nouveau duo à la mode sur le Rocher ?

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