Var-Matin (Grand Toulon)

MOTOGP GRAND PRIX D’ESPAGNE Fabio Quarta-héros

Le prodige niçois (21 ans) a signé la première victoire de sa carrière dans la catégorie reine. La France attendait ce moment depuis 21 ans...

- PHILIPPE CAMPS

Un cri. Parce que l’émotion était trop forte, le bonheur trop grand. Fabio Quartararo a crié. Le son venait de loin, charriant les frustratio­ns, expulsant les regrets. Toutes ces fois où la victoire s’était enfuie alors qu’il pensait la serrer entre ses mains. Un cri du coeur. Des tripes. Un cri de bête. Un bruit d’homme. Puis le Niçois a souri. Un sourire d’enfant. Comme une lumière. Autour de lui, des tribunes vides. Mais Fabio Quartararo n’était pas seul. Il avait tout son monde à l’intérieur. « Je pense à mes parents, à ma famille, à mon équipe », a-t-il soufflé au micro de Canal +. Le prodige, made in Nice, a signé son premier succès dans la catégorie reine sur la piste bouillante de Jerez, en Espagne. Olé ! Cette victoire, il lui tournait autour depuis son arrivée en MotoGP la saison dernière, se plaçant cinq fois deuxième derrière l’extraterre­stre Marc Marquez. Cette fois, Fabio Quartararo a été au bout, marquant de son empreinte le premier Grand Prix de la saison après un week-end fou où il décrocha la pole puis la lune au terme d’une course ébouriffan­te.

Marquez paye la fracture

Devant sur la ligne, mais quatrième au premier virage, Quartararo a cochonné son départ. Il fallait bien qu’il rate quelque chose. Mais une faute de

Marquez, parti faire un tour dans les graviers, et une erreur de son coéquipier Maverick Viñales, fâché avec la pression, lui ont ouvert le boulevard de la gloire. Il ne lui restait qu’à foncer. Ce qu’il a fait. Un cavalier seul. Seize tours devant. Sans trembler. Avec des trajectoir­es limpides. Derrière lui, Marquez se lançait dans une remontée fantastiqu­e qui le mena de la 18e à la 3e place. Mais hier, le funambule espagnol était redevenu humain. A force de risques, il perdait le contrôle de sa Honda effectuant une impression­nante cabriole. Verdict : fracture de l’humérus et opération dans la foulée. « Je n’ai pas vraiment vu la course de Marc sinon qu’il a encore réalisé un sauvetage extraordin­aire. Tout le monde peut avoir un accident ou des problèmes techniques », lâcha Quartararo quand d’autres y verront un signe, anticipant une passation de pouvoir. Il faudra attendre encore un peu pour penser au sacre et au défilé qui va avec sur la Promenade des Anglais. Marc Marquez, sextuple champion du monde et grand scientifiq­ue de la course, en a toujours sous le coude malgré un humérus traumatisé.

Marseillai­se pour un Niçois

Si le beau Fabio attendait ce jour de gloire depuis quelques gros mois, le pays poireautai­t depuis bien plus longtemps. Depuis le 9 septembre 1999 et la victoire de Régis Laconi au Grand Prix de Valence. À l’époque la piste et les étoiles3 appartenai­ent aux 500 cm . Fabio Quartararo avait 5 mois. Aujourd’hui, il est le 4e pilote français à remporter une épreuve de la catégorie reine après Georges Monneret en 1954, Christian Sarron en 1985 et donc Régis Laconi. « C’est le meilleur moment de ma vie », a avoué le vainqueur avant de monter sur le podium. Après, le Niçois a fait jouer la Marseillai­se. Emu, il a fermé les yeux. Peut-être a-t-il pensé à la suite. Peut-être pas. Comme l’an dernier, l’homme fusée court pour l’écurie satellite de Yamaha, Petronas-SRT, mais cette fois il dispose des motos d’usine. Un plus. La prochaine étape le verra rejoindre l’écurie d’usine de Yamaha, sur la selle de la légende italienne Valentino Rossi, septuple champion du monde, mais qui a aujourd’hui deux fois son âge. Hier, pendant que Quartararo

se traçait une voie royale, ‘‘The Doctor’’ Rossi terminait dans le bac à graviers. Rossi au tapis, Marquez à l’hôpital, le sort a été dur pour les mythes de la moto. Fabio Quartararo, lui, n’est pas encore une légende, mais il est le héros du jour et certaineme­nt celui de demain. Le week-end prochain, sur le même circuit, il tentera de remettre ça lors du Grand Prix d’Andalousie. Avec ou sans Marquez... Bref, l’été va être chaud. Les Niçois savent ce qu’il leur reste à faire le dimanche après-midi. Délaisser, deux petites heures, la plage pour la télé. Le soleil est aussi dans le poste. Il s’appelle Fabio Quartararo.

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(Photos AFP et maxppp)
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