Var-Matin (Grand Toulon)

Scène de guerre dans une cité

Une dizaine d’assaillant­s vêtus de noir, visages masqués, a poursuivi un individu au son d’armes de guerre hier matin. Scène sidérante, aux portes d’un supermarch­é. La troisième en un mois

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Ça tire sec de bon matin. » La légende qui accompagne la vidéo est courte, mais elle donne le ton. Les images et le son, eux, sont sidérants. On voit plusieurs assaillant­s vêtus de noir prendre la fuite devant un supermarch­é, en plein jour. On entend surtout les coups de feu, voire les tirs en rafale Des passants regardent la scène médusés. Cela s’est passé hier matin, à l’ouest de Nice, aux Moulins. Pour la troisième fois en l’espace d’un mois, une alerte aux coups de feu a agité ce quartier classé en zone de sécurité prioritair­e. Pas de bain de sang. Mais des témoins au souffle coupé. À la vue de cette scène glaçante, un homme a perdu connaissan­ce. Des témoins ont craint le pire. Au final, ce passant n’a pas eu besoin de transfert à l’hôpital.

« Ça a bombardé là-bas »

La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre, à 9 h 30, aux Moulins. « Faites attention, ça a bombardé là-bas tout à l’heure », nous avertit un employé en pause cigarette, au pied d’un immeuble de bureaux. Des policiers nationaux et municipaux, vêtus de gilets pare-balles, ont instauré un large périmètre de sécurité. Peu à peu, ce dispositif est allégé, permettant à chacun de regagner son domicile. Comme souvent, les passants se montrent peu diserts. « Rien vu, rien entendu : vous connaissez la musique », sourit l’un d’eux. « On a bien entendu, mais on est tous restés à l’intérieur » , résume-t-on à la Brasserie 53. Un témoin souffle : « On a vite fait de se prendre une balle perdue ! » Cette scène de « Far-West », dixit des témoins, s’est jouée entre la place des Amaryllis et le 60, boulevard Paul-Montel. Elle a remonté l’avenue Martin-Luther-King pour se conclure aux portes d’un supermarch­é Casino. « Ils sont arrivés ici en courant, témoigne son directeur, sur le parvis cerné de rubalise. Une dizaine d’individus, tous habillés en noir : capuches, cagoules, gants… Avec du 9 mm, fusil à pompe ou semi-automatiqu­e – je crois même qu’il y avait des Kalach’. Ça a rafalé dans tous les sens ! Ils sont repartis, revenus… Deuxième échange de coups de feu. Puis ils ont disparu dans les Moulins. Ce n’était pas des gosses. C’était un commando. » Le tout aux portes des commerces ouverts. À l’image du Casino. «À 9 heures, avec des femmes et des enfants dans les rues…, déplore le directeur. On a fermé le magasin d’urgence, en faisant rentrer les passants qui souhaitaie­nt se mettre à l’abri. Et on a mis tout le monde en sécurité. » 11 heures : l’alerte est levée. La police technique et scientifiq­ue balise le parvis de petits cavaliers jaunes, matérialis­ant les endroits où ont été retrouvées des douilles. La brigade criminelle de la sûreté départemen­tale procède aux constatati­ons, avant de passer le relais à celle de la police judiciaire (PJ).

Trois gardes à vue levées

De sources concordant­es, les tirs auraient laissé un homme blessé au pied. Mais l’intéressé a disparu sans demander son reste. Les trois personnes chez qui il s’est réfugié, dans un immeuble voisin, ont été placées en garde à vue. Elles ont été libérées en fin d’après-midi. Tout lien avec l’affaire a été écarté, selon le procureur de la République, Xavier Bonhomme. Le procureur a chargé la PJ d’une enquête pour tentative d’homicide. La Crim’ va notamment étudier l’éventualit­é d’un lien avec de précédents coups de feu, les 19 et 28 juin. Le contexte d’une guerre pour le contrôle du marché de la drogue aux Moulins n’a pas, non plus, échappé aux enquêteurs. La tenue des assaillant­s, le fait qu’ils aient utilisé des armes de guerre, laissent penser à un acte mûrement préparé. L’issue aurait pu être fatale. À moins que la motivation de ce « commando » ne soit d’envoyer un message à moindres frais. Dans tous les cas, cette nouvelle montée de tension laisse les habitants des Moulins exaspérés ou désabusés. Le directeur du Casino en témoigne : « C’est malheureux à dire mais on commence à avoir un peu l’habitude… » 1. Vidéo à voir sur nos site varmatin.com et nicematin.com

 ?? (Photo François Vignola) ?? Les policiers vêtus de gilets pare-balles bloquent le boulevard Paul-Montel à Nice, hier matin, aux abords d’un Casino. Les assaillant­s ont tiré devant le supermarch­é après avoir remonté en courant l’avenue Martin-Luther-King.
(Photo François Vignola) Les policiers vêtus de gilets pare-balles bloquent le boulevard Paul-Montel à Nice, hier matin, aux abords d’un Casino. Les assaillant­s ont tiré devant le supermarch­é après avoir remonté en courant l’avenue Martin-Luther-King.

Newspapers in French

Newspapers from France