Les beaux gosses sur ter
Nous sommes à Rennes, entre le collège, la rue et la maison. Les protagonistes – Hervé (Vincent Lacoste) et Camel (Anthony Sonigo) – tournant autour des 15 ans, ont globalement les attributs de leur âge : furoncles, graisse capillaire, appareils dentaires, fausse désinvolture, bouillonnement hormonal. Et l’intrigue tient en deux mots : comment passer de la chaussette à masturbation à celui de la rencontre avec l’autre sexe ? Tout un programme pour Les Beaux gosses, de Riad Sattouf, diffusé ce soir sur 6ter. Je vous entends déjà rouspéter : « Un
énième film sur l’âge con, donc ? »
Certes, l'adolescence et ses émois est un genre en soi, dans le répertoire du cinéma – de American Pie à Gus Van Sant en passant par le LOL frenchy. Alors, oui, on est ici devant un film d’ado. Mais non, pas de déjàvu en vue. Pas gênée, cette chronique adolescente crue et attachante a un petit truc en plus.
Retrouver son adolescence
Tout tient sûrement dans le sens de l’observation, du détail, du timing de Riad Sattouf. Après avoir disséqué les prépubères dans ses BD (Manuel
du puceau ou La Vie secrète des jeunes – Les cahiers d’Esther n’avaient pas encore pris vie !), l’auteur s’attaque en 2009 au cinoche et trousse un récit qui, de l'écriture à la mise en scène, en passant par la musique et même l'interprétation (il s'y est donné un petit rôle), porte de bout en bout sa marque. Tout est si merveilleusement ciselé que chaque spectateur s’y retrouvera peu ou prou face à sa propre adolescence : la prof d’anglais sexy, la folle du quartier, le petit facho de service, la rousse qui vous drague sans que vous vous en aperceviez. Et ce jour béni où une Aurore lumineuse ouvre miraculeusement sa porte à Hervé, quitte pour ce dernier à froisser l’amitié de Camel, à gâcher, par désir d’absolu, l’occasion qui se présente...