Tauroentum, pépite gallo-romaine à St-Cyr
À la Madrague, le fonds muséal exceptionnel abrite les vestiges, uniques sur la côte française, d’une villa maritima romaine. Un domaine en bord de mer de grand luxe à son époque
Un trésor archéologique ! C’est la seule
villa maritima de toute la côte française ! À Saint-Cyr, le musée de Tauroentum, qui abrite les vestiges d’un antique et riche domaine du bord de mer dont les constructions à l’époque gallo-romaine englobaient une partie de l’actuel port de la Madrague, est unique. Un ensemble redécouvert par hasard… C’est à la configuration géologique des lieux que l’on doit une extraordinaire préservation des ravages du temps. « La villa était construite sur une zone dunaire,
explique Mireille Viguier, présidente de l’association Les Amis du musée de Tauroentum, qui le gère avec ses collections. Longtemps, jusqu’à leur découverte à partir du XVIIe siècle, les vestiges sont restés protégés, enfouis sous le sable ».
Depuis la mise au jour, au début du XXe siècle, de trois salles au sol couvert de mosaïques sur un terrain racheté « à un Napolitain, M. Canessa, qui s’en était rendu acquéreur avec l’espoir,
déçu, d’y trouver un trésor », par un groupe d’amis qui le donnèrent au Comité du tourisme du golfe des Lecques, les campagnes de fouilles se sont succédé. Elles ont été interrompues – avant l’urbanisation à outrance – avec la Seconde Guerre mondiale et l’occupation dévastatrice des lieux par l’armée allemande.
Chauffage et eau courante
L’armée d’occupation a en effet profité d’un point de vue exceptionnel sur la mer pour y déployer un cantonnement de défense côtier anti-débarquement et réalisé des aménagements qui ont dénaturé le site. Aujourd’hui, même s’il subsiste de nombreuses zones d’ombre et suppositions, les spécialistes ont pu restituer en partie la mémoire des lieux. « On suppose que le domaine, dix fois plus important que l’emprise du musée actuel qui s’étend sur 2 000 m2, a été donné en récompense, comme il était d’usage à l’époque romaine, à un vétéran de la Légion qui
s’était illustré sur les champs de bataille », vulgarise Mireille Viguier. Probablement dans la première moitié du premier siècle après J.C. ».
Une villa maritima, luxueuse selon les canons de l’époque – équipé de chauffage, d’eau courante chaude et froide et de tout-à-l’égout – alimentée en eau potable par une source, construite près d’une plage facile d’accès, derrière la lagune (asséchée par les moines de Saint-Victor au XIIe siècle) qui s’étendait jusqu’à l’actuelle agglomération de Saint-Cyr. « Sur ce domaine rural, qui devait fonctionner avec au moins 1 000 esclaves, artisans et agriculteurs, on cultivait le blé, la vigne et l’olivier. Il y avait une zone de stockage et un appontement, ce qui permettait de commercer avec Massilia (Marseille), complète la présidente. C’était une véritable petite ville ». Une cité antique qui ne demande qu’à être redécouverte. Source : Saint-Cyr – La Cadière, Vingt-cinq siècles d’histoire, par Léon Durand, membre de l’Académie du Var, éditions Castel.