Tourisme : « Il y a une reprise mais elle demeure fragile »
En visite dans le Var, le secrétaire d’État chargé du tourisme Jean-Baptiste Lemoyne revient sur une saison estivale chamboulée par l’après-confinement et un virus qui circule encore
Le secrétaire d’État chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie Jean-Baptiste Lemoyne se rend ce matin à La Londe-les-Maures pour échanger avec les acteurs du tourisme. Il sera dans l’aprèsmidi à l’office de tourisme de Bandol avant de déambuler sur le port et de visiter un camping.
Vous aviez invité les Français à passer des vacances « bleu, blanc, rouge ». Cet appel au patriotisme touristique a-t-il été entendu ? Tout à fait je dois dire que sur le mois de juillet les résultats sont là. Sept Français sur dix ont décidé de visiter la France alors que depuis plusieurs années on constatait une forte progression des voyages à l’étranger et donc une perte de recettes pour nous. Les Français ont souhaité privilégier la France parce que ça leur permet de rester dans un cadre qui rassure. Ils ont fait le choix de redécouvrir les joyaux, les trésors, la diversité des paysages et des activités qu’offre la France.
Quel est le premier bilan de cette saison ? Des catégories ou des territoires s’en sortent-ils mieux que d’autres ? Il a effectivement une situation disparate selon les territoires et les activités. Ce que l’on constate c’est que les locations de maison, gîtes, appartements fonctionnent très bien. Gîtes de France enregistre un taux prévisionnel de réservations pour août de % au niveau national. L’hôtellerie de plein air m’a signalé une augmentation des réservations de % au mois de juillet et espère être à % de ce qu’elle a fait en . Ces résultats on les retrouve dans le Var avec une augmentation des clientèles françaises de %. Mais il y a des différences selon les territoires. On constate une attractivité du littoral mais aussi un goût prononcé pour la montagne, la ruralité. Des départements comme l’Aveyron, les Vosges, le Jura tirent très bien leur épingle du jeu.
Comment se présente le mois d’août ? Il y a une reprise mais elle demeure fragile. La situation sanitaire continue de préoccuper nos concitoyens et dès qu’un cluster apparaît ici ou là, l’impact sur les réservations ou les annulations dans le secteur concerné est très important. C’est pourquoi il est crucial de continuer de rester très vigilants dans l’application des gestes barrière, de la distanciation sociale. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a recommandé mercredi que dans les endroits très fréquentés les gens portent spontanément le masque. C’est à ce prix qu’on pourra continuer à bénéficier d’une saison estivale dans les meilleures conditions. Nous aurons aussi à faire en sorte qu’en septembre-octobre on puisse allonger la saison avec certains segments de clientèle. Je pense aux seniors et à certaines activités qui permettront peutêtre d’étendre la saison. La thalassothérapie fonctionne très bien avec des taux de remplissage de %, inédits pour la saison. La France a beaucoup d’atouts à faire valoir auprès des Français et des clientèles européennes de proximité. Tout au long du mois de juin, j’ai fait le tour de l’Europe pour dire aux Belges, Allemands, Suisses, Néerlandais que nous les attendions. Cet appel a été entendu puisque François de Canson, le président Comité régional du tourisme (CRT) de la région Sud, me signalait une présence accrue des Belges,
Suisses, Néerlandais dans la région.
La Côte d’Azur accueille de nouvelles catégories de touristes qui ne se comportent pas toujours bien et ignorent les gestes barrière... Dès lors qu’il y a un relâchement il y a des risques qui se présentent. C’est pour cela que je dis aux jeunes comme aux moins jeunes enregistrez-vous sur l’application Stop Covid au moment où il y a des brassages de populations et respectez tous les gestes barrière élémentaires.
Faut-il durcir les mesures sanitaires en août ? Selon l’évolution du virus seronsnous peut-être amenés à prendre des mesures complémentaires.
Une réouverture des établissements de nuit est-elle envisagée ? Si oui, pour quand ? Les établissements de nuits paient un lourd tribut et parce que nous sommes conscients qu’ils ne vont pas pouvoir rouvrir tout de suite, nous avons travaillé à un dispositif de soutien exceptionnel à ces professionnels. Pendant trois mois ils pourront bénéficier de euros par mois pour faire face à leurs charges fixes, loyers, emprunts. Aujourd’hui il est encore compliqué de leur donner une perspective de réouverture c’est pourquoi on est au rendezvous du soutien financier.
Comment avez-vous accompagné les professionnels du tourisme et comment continuer à les soutenir ? Au niveau national près de entreprises ont souscrit à un prêt garanti par l’État pour milliards d’euros (dont un milliard pour la région Sud) et nous allons poursuivre ce soutien avec l’éligibilité au fonds de solidarité jusqu’à la fin de l’année. Le chômage partiel se poursuit également en septembre et audelà selon des modalités qui sont en cours de discussion. Le président de la République a dit aux acteurs du secteur, le avril : il faut qu’on vous aide dans la durée. C’est ce que nous avons fait avec milliards d’euros d’annonces de soutien concret en subventions, prises en charge des salaires et investissements pour gérer le sauvetage de l’économie touristique et travailler au rebond et à la relance de ce secteur.
Comment se dessinent la saison d’hiver et le tourisme d’affaires ? Le tourisme d’affaires va pouvoir reprendre progressivement parce qu’à partir du er septembre les événements n’auront plus de jauge limite [à ce jour fixée à personnes]. Ça permettra aux congrès, foires, salons de reprendre. Le tourisme d’affaires est crucial car il a un effet d’entraînement sur l’hôtellerie, les transports... La France est en pôle position et il est important de le rester. S’agissant du tourisme de montagne nous travaillons à la saison d’hiver au travers des contacts avec les distributeurs dans différents pays. Nous allons avoir un plan de communication avec Atout France pour attirer et rester sur le podium car la France est la e destination européenne en matière de tourisme de montagne l’hiver.