Ça tourne en boucle sur ses platines
Thierry Arnaud, Cosmic Trip à Draguignan, a craqué pour...
Quand Neil Young enregistre cet album fin , sur pression de son label, qui lui demande de reproduire la formule jackpot d’Harvest, après le tout relatif échec du pourtant excellent
On The Beach, sorti quelques mois plus tôt, il encaisse la rupture d’avec la mère de son fils Zeke : Carrie Snodgress. Pour les sessions d’enregistrement, fortement alcoolisées, il fait confiance aux fidèles de la « moisson » gagnante (Karl Himmel, Tim Drummond, Ben Keith), mais au final il trouve plus judicieux de sortir à la place le très noir Tonight’s The Night, enregistré un an plus tôt en hommage à ses deux amis, Danny Whitten et Bruce Berry, musicien et roadie, décédés d’overdose. À cette époque, le Canadien est hyper créatif et enchaînera avec l’album
Zuma accompagné par Crazy Horse. Le projet Homegrown est alors abandonné pour ressurgir quarante-cinq ans plus tard, et présenté par le musicien lui-même comme le chaînon manquant entre les deux chefs-d’oeuvre bucoliques,
Harvest et Comes a Time. Entre temps, la plupart des meilleurs titres sont déjà parus, parfois réenregistrés, sur d’autres albums. Le magnifique et fragile Little Wing sur Hawks & Doves, Star of Bethlehem et Homegrown sur American Stars‘n Bars, Love Is a Rose sur Décade, White Line sur Ragged Glory. Parmi les inédits, on retiendra Separate Ways, allégorie sur son divorce récent, le dépouillé
Mexico, seul au piano, l’étonnant blues-rock We Don’t Smoke It No
More et Vacancy, galopant comme un « cheval fou »... mais sans Crazy Horse ! Au final, ce Homegrown, moins inspiré que Harvest ,et moins cohérent que Comes a Time, reste tout de même indispensable pour tous les fans, car il a été enregistré à une période bénie pour le musicien (six LP en trois ans avec celui-ci) où la médiocrité est bannie du sillon. De quoi rendre jaloux n’importe quel musicien qui se réclame du maître aujourd’hui.