Var-Matin (Grand Toulon)

Mieux vaut rire de tout, que chialer pour rien”

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Faire rire, c’est pas chinois ? Hum, pas si sûr. C’est aussi cassetête, à l’ère du politiquem­ent correct. Tano en sait quelque chose. Durant le confinemen­t, son hilarante parodie de Starwars (SRAS Wars : les Chiiiinois dans l’espace !) a fait buzz. Mais aussi tiquer certains internaute­s asiatiques. « J’ai reçu 1500 menaces, mais je m’en fous. J’avais déjà eu des problèmes avec les islamistes, les obèses, les vegans... les Chinois, c’est une grande première ! » Le bougre n’en est pourtant pas à sa première vanne qui dérange, autant qu’elle démange (nos zygomatiqu­es). Et l’on s’étonne que sa maison n’ait pas subi un ravalement « plastique », après son fameux sketch sur les Corses indépendan­tistes. « C’est parce que ma mère est corse, l’humour communauta­ire, ça passe, nous répond-il avec malice, presque sur le ton du eh oh, Doumé ! Bon, ils m’ont quand même un peu gavé avec mon accent, parce qu’il y a autant d’accents que de villages làbas ! » La situation aurait pu devenir critique. Mais heureuseme­nt, I Muvrini ont ri. Garantie diplomatiq­ue ! « Un jour, j’ai reçu un SMS de JeanFranço­is Bernardini (N.D.L.R. : leader du groupe insulaire, qui ne met pas que la main, mais aussi le téléphone à l’oreille), qui me disait : on adore tes vocalises ! » En revanche, La pute de luxe n’a pas suscité de heurts, malgré son titre… racoleur. « Rien, pas de polémique, ni des prostituée­s, ni même des féministes, c’est décevant ! », se marre celui qui, du coup, brasse encore plus large (plus trash ?) dans son dernier spectacle, Idiots sapiens. Cette fois, c’est l’humanité en général qui en prend pour son grade. Surtout lorsque « le monde d’après » est encore plus rétrograde. L’homme, idiot savant ? « Je crois qu’il est en train de scier la branche sur laquelle il est assis. L’homme peut être génial, mais aussi complèteme­nt con », constate avec dépit ce garnement que sa mère qualifie de « pessimiste jovial ». Cinéphile averti aussi, jadis bercé par les comédies italiennes à la Dino Risi. « À la sortie du confinemen­t, les gens sont beaucoup plus sales, affreux et méchants. J’avais peur d’être au chômage, mais mon fonds de commerce est toujours là ! » On l’aura compris, Anthony ne cherche pas à se faire que des amis. (Tano, c’est son surnom depuis tout petit, « mais c’est aussi le vrai nom de Rocco Siffredi ! Et moi aussi, dans mon spectacle, je peux avoir quelques longueurs ») Et quand on remarque un sparadrap sur son avant-bras, on soupçonne même certains interlocut­eurs choqués de n’y être pas allé de main morte, pour exprimer leur courroux sur la bête. « Non, ça, c’est juste parce que je me suis vautré à vélo en m’accrochant à une voiture », corrige et confesse l’intéressé, qui a fait jadis les 400 coups avec notre ancien photograph­e Michael Alesi. « Avec les copains, j’ai toujours été casse-cou, et quand j’étais gamin, je ne voyais jamais le danger. » Sale (beau) gosse au look ébouriffé de surfeur, auquel seule la scène cause quelques frayeurs. « J’ai toujours envie d’oublier d’y monter, parce que le vrai stand-up, on ne peut pas se cacher derrière un micro, reconnaît Tano. Il faut avoir l’air sûr de soi, ne pas se laisser bouffer par le public, mais c’est normal d’avoir le trac. Ceux qui ne l’ont pas, sont souvent mauvais… »

De toute façon, dans son fief de Roquebrune où il va jouer, pas question de le contrarier. Le portrait de Tano s’affiche partout, tel un ancien dictateur en Libye. Enfant chéri, digne de Khadafi ! « Ah ah ! Ça change de d’habitude, où on voit ma tronche nulle part ! Mais je suis content de jouer dans le

Sud devant des gens qui m’attendent, je n’ai pas envie de les décevoir. C’est comme quand tu te rends à une soirée, où tu sais déjà que tu vas bien t’amuser. » En attendant, Tano profite des joies balnéaires au Fanal tenu par son pote Eric en bord de plage. Et si jamais le pire est à venir, qu’importe, « mieux vaut rire de tout, plutôt que chialer pour rien » !

L’homme peut être génial, et complèteme­nt con aussi !”

Tano, aux Plages du rire (du 4 au 6 août : www.lesplagesd­urire.com) au théâtre de Verdure Nice le 5 août à 21 h et le 14 août au Parc des Oliviers à Roquebrune-Cap-Martin à 21 h : 10€

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