Var-Matin (Grand Toulon)

Recueillem­ent et cérémonie d’hommage vendredi sur le port à Nice

- J.-F. R

Son téléphone a sonné mille fois et plus encore depuis que les premières images de l’apocalypse ont tourné sur les réseaux sociaux. Présidente de l’associatio­n Mon Liban d’Azur, fondé il y a un an à Nice, Géraldine est sans doute la plus niçoise des Libanaises. Lorsque le souffle infernal de l’explosion a balayé Beyrouth, c’est vers elle que beaucoup se sont tournés. Ses problèmes personnels, elle devra les gérer plus tard. Installée à Beyrouth avec son mari et ses trois enfants depuis deux ans, Géraldine Ghostine a pourtant appris hier matin que son appartemen­t du quartier Gemmayzé, à deux pas de l’épicentre, est totalement dévasté.

« On a besoin de tout »

« J’avais mes billets retour pour le 29 août, je ne sais pas si on va pouvoir les maintenir. Je vais sans doute inscrire les enfants à l’école ici au cas ou...»

Ceci dit, Géraldine Ghostine endosse immédiatem­ent son costume de catalyseur des angoisses, des inquiétude­s de la communauté franco-libanaise de la Côte d’Azur.

Dans la nuit, le bureau de son associatio­n a lancé un appel aux dons. Sur le site de l’associatio­n - monlibanaz­ur.com - le formulaire est déjà en ligne. « On a besoin de tout. Le Liban traverse une crise si profonde que ce drame risque de le plonger encore un peu plus dans les ténèbres. L’inflation y est sans limite, la classe moyenne a disparu. On aura besoin d’argent pour aider les dizaines de milliers de personnes qui ont tout perdu à se loger. Mais il faut aussi des denrées alimentair­es et surtout des médicament­s .» Son téléphone sonne sans arrêt. Là, c’est un Libanais de Nice qui cherche un vol pour rentrer d’urgence auprès des siens. « Le Liban avait mis en place des mesures sanitaires très strictes, imposant notamment une quatorzain­e stricte pour les voyageurs arrivant à Beyrouth. Tout le monde se demande si ces mesures sont maintenues. » Ici, c’est un mail d’une école catholique de Beyrouth qui lui demande des conseils sur une opération de déblayage des décombres dans certains quartiers autour du port de la capitale du Liban. Un autre appel. Cette fois, le visage de cette quadragéna­ire dynamique se crispe : « On vient de m’annoncer que deux habitants de mon immeuble n’ont pas survécu au souffle de l’explosion. C’est affreux. »

Une gerbe jetée à la mer

Pas question pour autant de se laisser submerger par l’émotion. Pas le temps en fait. Dès hier matin, le principe d’une grande cérémonie d’hommage et de recueillem­ent a été acté. L’ensemble d’une communauté aujourd’hui sous le choc aspire à se rassembler. Géraldine gère les derniers détails : « Nous avons décidé, avec le soutien de la Ville de Nice, de la métropole et du conseil départemen­tal, de nous réunir vendredi sur le port de Nice. A 18 heures. Symbolique­ment, une gerbe sera jetée à la mer dans l’espoir qu’au gré des courants, elle rapproche encore plus la Côte d’Azur de notre cher Liban aujourd’hui meurtri!»

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(Photo DR) Fondatrice de Mon Liban d’Azur, Géraldine Ghostine a immédiatem­ent lancé un appel aux dons sur le site Internet de l’associatio­n.

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