Var-Matin (Grand Toulon)

Antoine Chedid : « Une explosion apocalypti­que »

Joint hier au téléphone, ce Franco-Libanais témoigne depuis le Liban. Évoquant des « scènes de guerre », il espère que la communauté internatio­nale se portera au chevet du pays

- PIERRE-LOUIS PAGÈS plpages@varmatin.com

Je vais bien, mais le Liban va mal ». Cette phrase, lâchée sur un ton las, en dit long sur l’état émotionnel d’Antoine Chedid, au lendemain de la terrible explosion qui a défiguré Beyrouth. Cardiologu­e à l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, ce Franco-libanais est, comme chaque été, de retour au pays pour deux semaines de vacances. Arrivé samedi avec, dans ses valises, des médicament­s achetés par l’associatio­n Var Chrétiens d’Orient de son ami Jean-Pierre Colin, Antoine Chedid séjourne actuelleme­nt dans sa famille installée dans les montagnes, à quelque 70 km au nord de la capitale du Liban. « D’où je vis au Liban, je n’ai pas entendu l’explosion. Mais son intensité était apocalypti­que. C’est une catastroph­e sans précédent. C’était comme dans un film », affirme-t-il. Dans un pays habitué aux souffrance­s, qui a connu 15 ans de guerre civile de 1975 à 1990, ce commentair­e vaut mieux qu’un long discours. Éprouvant « une tristesse profonde et énormément d’empathie pour un peuple – mon peuple – qui subit catastroph­e sur catastroph­e », Antoine Chedid témoigne. « De nombreux hôpitaux de Beyrouth, situés dans les environs immédiats du port où a eu lieu l’explosion, sont hors service. Il n’y a plus d’eau, plus d’électricit­é, ni d’oxygène. Si les bâtiments sont restés debout, ils ne sont plus fonctionne­ls et il a fallu transférer les malades déjà hospitalis­és vers les établissem­ents situés à l’extrême nord et sud du pays. Les blessés plus ou moins gravement atteints – des milliers – ont été pris en charge dans des hôpitaux plus éloignés du lieu de l’explosion. Notamment à l’hôpital Hôtel-Dieu de France où, une heure après la déflagrati­on, il a fallu réaliser une centaine d’opérations en urgence pour sauver des vies ! »

« Me rendre utile »

Médecin, Antoine Chedid a naturellem­ent apporté son aide à un hôpital proche de Byblos qui recevait justement des malades transférés depuis Beyrouth. Mais hier, il essayait d’entrer en contact avec la mission française attendue sur place, « Pour me rendre utile », confie-t-il. À ce sujet, Antoine Chedid, « en colère contre les responsabl­es irresponsa­bles de cette explosion meurtrière », espère que la communauté internatio­nale se portera très vite au chevet du peuple libanais. « Le pays était déjà frappé par une terrible crise économique et l’épidémie de Covid était en train d’y exploser. Comme si cela ne suffisait pas, cette explosion a détruit un quart de la ville. Le port de Beyrouth, première voie d’entrée des importatio­ns du pays, est gravement endommagé. Des centaines de milliers de personnes ont perdu leur maison. Il va falloir les reloger. Pour effacer les conséquenc­es de l’explosion, cela va prendre des années. Le Liban a vraiment besoin de l’aide de ses amis ».

 ?? (Photo doc Var-matin/PLP) ?? Antoine Chedid (à droite sur la photo), accompagné de son ami Jean-Pierre Colin, avait livré l’an dernier à la commune d’Al-Qaa un appareil de radiologie offert par la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.
(Photo doc Var-matin/PLP) Antoine Chedid (à droite sur la photo), accompagné de son ami Jean-Pierre Colin, avait livré l’an dernier à la commune d’Al-Qaa un appareil de radiologie offert par la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.

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