Un nouveau coup de pouce de M€ pour les viticulteurs
Le montant du plan d’aides à la filière viticole, durement touchée par la crise liée au Covid-19 et les sanctions américaines, passe ainsi de 170 à 246 millions d’euros
Un « effort de solidarité » :endébloquant près de 80 M€ supplémentaires pour les viticulteurs, Jean Castex, en visite, hier, dans le Cher, espère atténuer les effets d’une crise sanitaire et économique qui éprouve durement la filière à l’heure des vendanges. Depuis les vignes de Menetou-Salon et Sancerre, le Premier ministre, accompagné du ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, a voulu se porter au chevet de cette « viticulture dynamique, viticulture exportatrice qui paye un lourd tribut à la situation ». Après les 170 M€ accordés en mai, le gouvernement a donc gonflé l’enveloppe de 76 M€ pour la porter à 246 M€ au total, ce que le Premier ministre a avantageusement arrondi à250M € devant la presse. Ce coup de pouce « est un soulagement pour la filière viticole », a réagi Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, et surtout viticulteur dans l’Hérault. « J’ai demandé que ces aides puissent être distribuées le plus rapidement possible car les besoins en trésorerie [...] sont forts », a encore plaidé le Premier ministre, qui avait commencé sa visite par une exploitation bio à Menetou-Salon, au nord-est de Bourges.
Avant d’y déguster la production, il s’était fait présenter la petite chaîne d’embouteillage opérée par deux ouvriers, la cave et le chai de stockage.
À l’écoute des doléances
Jean Castex s’est, ensuite, rendu à la maison des vins de Sancerre, pour écouter les doléances des professionnels locaux, touchés par les fermetures des cafés, bars et restaurants pendant le confinement, une reprise de l’activité touristique encore assez aléatoire et une « contraction assez forte des échanges commerciaux », alors que la France «exporte entre 30 et 40 % de sa production », selon Matignon. Au total, les viticulteurs estiment que la crise sanitaire a engendré un manque à gagner d’au moins 1,5 milliard d’euros en raison de la mise à l’arrêt des bars, restaurants, rassemblements festifs et du tourisme. À la crise du nouveau coronavirus, s’ajoute l’effet des sanctions américaines prononcées fin 2019 sur les vins de moins de 14° (hors vins à bulles), en représailles à un différend commercial entre Airbus et Boeing.
« Senti abandonné » face à Trump
« On s’est senti abandonné avec les taxes Trump, alors que l’on représente une bonne part des exportations », a déploré Olivier Luneau, propriétaire du domaine Jean-Teiller à Mennetou-Salon, juste avant l’arrivée du Premier ministre. Selon les représentants du secteur, la filière viticole française nécessitait un doublement des aides accordées jusqu’à présent (européennes et nationales), soit 350 M€ au total, pour faire face à la crise. « Je regrette néanmoins que cette aide de 246 M€ prenne une partie du budget européen consacré à la viticulture », a toutefois souligné Jérôme Despey, en appelant à utiliser les fonds communautaires pour «des mesures structurantes pour les viticulteurs plutôt que pour des mesures de gestion de crise ».