Joueurs : « L’intelligence de jeu nous a permis d’avoir ces carrières-là »

Vous avez tous deux un beau parcours chez les pros. Avec le recul, tout de même, n’avez-vous pas l’impression d’avoir été des joueurs sous-estimés ?

LL : C’est plus facile de parler des autres, alors oui, Lilian a été sousestimé. Mais en équipe de France des moins de  ans, il y avait quatre attaquants : Henry, Trezeguet, Anelka et lui. Alors peutêtre qu’il ne marquait pas - buts, mais il avait tout ce qui ne se voit pas : la course, le replacement... Tout ce travail important pour l’équipe, qui est moins mis en avant. Donc il n’a pas été évalué à sa juste valeur, alors qu’il a fait une très bonne carrière. Elle a été un peu occultée par les mecs de sa génération, qui ont fait une carrière extraordinaire. LC : Il y a aussi des mauvais choix... Et puis, et là on est un peu similaire, on n’avait pas les qualités athlétiques que certains coaches attendaient de nous. Henry et Anelka allaient très vite, Trezeguet était un tueur devant le but. Je n’avais pas ces caractéristiques. Laurent avait peut-être de l’adresse mais pas cette explosivité. LL : C’est ce qui manquait pour passer au cap supérieur, peut-être pour exploser au niveau international. Mais on compensait par l’intelligence de jeu, qui nous a permis d’avoir ces carrières-là. LC : On n’était pas des joueurs idiots. On savait comment gommer ce retard physique. LL : Par le placement, l’anticipation, la qualité de passe... Certains sont tellement attirés par le but ou le panier qu’ils ne voient pas la dernière passe à faire... Mais dans les stats, dans les médias, ça ne parle pas.

LC : C’est peut-être con de dire ça, mais on était pas loin d’être des joueurs de l’ombre. Quelque part, dans un groupe, on a besoin de nous, même si on a été performants à un moment donné. On ne pouvait pas aller plus haut qu’une certaine limite. LL : On a été au maximum de ce qu’on pouvait faire et je suis fier de ça. LC : À Hyères, il n’y en a pas eu des masses qui ont fait une belle carrière. Au foot, je crois que je suis le dernier Hyérois à avoir joué en Ligue . J’aimerais que d’autres jeunes me succèdent.

Avez-vous le regret de ne pas avoir pu évoluer dans un autre pays, un autre championnat ?

LC : J’ai signé trois fois à l’étranger, mais ça ne s’est jamais fait car les clubs ne se sont jamais mis d’accord (la Juve, à  ans, et la Sampdoria en Italie, puis les Queens Park Rangers, en Angleterre). Je ne suis jamais parti. C’est un regret, car c’est une aventure humaine. LL : Après, je n’avais peut-être pas les qualités et le niveau pour. Du moins dans un gros championnat. À l’étranger, au basket, tu piques la place d’un local, donc il faut encore plus prouver.

Vous parliez d’intelligence de jeu... Votre vocation d’entraîner est-elle venue pendant votre carrière ?

LC : Sur le terrain, j’étais un leader, qui essayait de replacer, d’encourager... Je ne savais pas si ça allait me plaire. Mais j’ai commencé tôt (à préparer les diplômes), avant de laisser tomber. Je m’y suis remis après  ans. Puis j’ai été tout de suite dans le bain à la fin de ma carrière. Et ça m’a plu. J’ai passé les diplômes. Il ne me reste plus que le BEPF, pour entraîner en Ligue , mais ça coûte cher,   euros, c’est long, et il n’y a que huit élus par an, donc on verra... LL : J’ai toujours voulu faire ça. Inconsciemment, ça vient peut-être de mon père, que j’ai vu coacher étant petit. Dès que j’ai été joueur en espoirs, j’ai commencé à réfléchir. “J’aurais fait ci, j’aurais fait ça... Pourquoi on fait pas ça ?” À  ans, j’avais déjà mon BE (pour coacher en N) et à , le BE (niveau pro). Je pensais que ça allait me plaire, mais je n’en étais pas sûr. J’ai commencé avec les espoirs, puis assistant (au HTV) .Etçam’a plu de suite. Même si c’est un métier de fou... LC : Ah ! ouais... Ça donne des cheveux blancs (rires). L’étape d’après, c’est que tu les perds.