Var-Matin (Grand Toulon)

Je suis souvent dans des rôles de connasse à chignon”

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Dans la belle enceinte du Château Saint-Martin, Antonia de Rendinger (la particule y est appropriée !) apparaît, et l’on ne sait plus à quel personnage se fier. L’inénarrabl­e prof d’éducation sexuelle post-soixantuit­arde ? L’intégriste de l’allaitemen­t maternel ? Le dragueur de PMU varois ? La bourgeoise de bac à sable ? L’actrice tragicomiq­ue ? La conteuse horrifique pour enfants terrorisés ? Autant de figures qui ont fait crouler les spectateur­s du festival Rire en vignes, sans même avoir besoin d’une goutte de nectar divin dans les veines. Ivresse de l’humour, et rire à la renverse. Avec une telle personnali­té multiple, le Moi jeu devient plus aisé que l’ego sum. « Parfois, je joue jusqu’à 24 personnage­s, même moi, je m’y retrouve pas, sourit Antonia. Mais dans tous, il y a sans doute un peu de moi, un peu comme lorsqu’on rêve ». Mais qu’elle décline la sexualité (et ses clichés) à travers le monde ou se permette de dézinguer le panthéon culturel de Piaf à Jacques Brel, qu’elle tire la chasse sur la tragédie classique ou transforme le conte en film d’horreur, l’humoriste ose tout pour un bon sketch, et c’est finalement à ça qu’on la reconnaît. « Oui, mais en réalité, je m’autorise ce qui, moi, me fait rire. Il y a certains thèmes, comme la pédophilie, que je suis incapable de traiter. Mais je ne cherche pas non plus à être audible pour toutes les oreilles ! ». Verbe fleuri (comme sa robe) pour propos en dessous de la ceinture, Antonia parvient à élever les ébats. Use de son corps, mais aussi de sa voix. Sans aucune économie ! « Les deux composent 100 % du personnage. Ma voix est un vrai instrument de jeu, mais à force je la fous en l’air et je ne peux plus chanter Ave Maria dans une cathédrale confirme cette ancienne soprano, qui préfère le rigolo au vibrato. « Mais c’est aussi le texte, le vocabulair­e et le champ sémantique propre à chacun ».

Il faut dire aussi qu’être titulaire d’un DEA en sociologie et ethnologie, ça aide à nourrir son sens de l’observatio­n et de l’imitation. Tout comme une maîtrise de lettres modernes pour les textes. Femme éponge ? À moins qu’il ne s’agisse d’un ADN sans gène ! « Dans ma famille, il y a beaucoup d’humour. Mon papa était très drôle, il faisait toujours le guignol alors que ma mère est davantage dans l’élégance et le sérieux, se raconte celle qui semble avoir fait synthèse filiale des deux. « Ma mère frémit toujours lorsqu’elle me voit monter sur scène et parfois m’enlaidir pour faire rire car pour elle la discrétion est une valeur sûre. Mais je suis aux antipodes, j’aime transgress­er ».

Une pro de l’impro !

Dans son spectacle, il y a aussi cette petite fille, qui s’adresse à Antonia sous un drap, léger cheveu sur la langue et rêve de devenir une immmmense artiste ! Réminiscen­ce de l’enfance, pour celle qui « fait le singe depuis toute petite. Ma mère m’a raconté qu’elle m’a un jour trouvé accrochée aux barreaux de mon lit, à me donner en pestacle, je n’avais que six mois ». Quelle que soit l’origine génétique de sa fibre comique, ses personnage­s naissent en elle de manière spontanée, lors de shows d’abord donnés en impro, avant d’être peaufinés par la suite. « Devant l’écran de mon ordi, pfff...je ne suis pas inspirée, alors que face à 150 personnes qui attendent que je les fasse rire, ça sort tout de suite ! ». « Cheval indomptabl­e » mis en scène par le comédien dracénois Olivier Sitruk, sa nature devrait faire merveille pour une série TV sur l’école dont elle a tourné le pilote et dont elle attend beaucoup (« si ça se fait, ça changera ma vie »). Avec Opération Portugal, premier film de Djal, Antonia déboule aussi au cinéma, en « directrice d’Interpol, très bête et très méchante. Pour l’instant, on me voit souvent dans des rôles de connasse à chignon ! ». Compositio­n, évidemment...

Antonia de Rendinger. Mardi 11 août à 21 h dans la cour de l’espace Grandjean, boulevard des Deux Vallons, à Vallauris. Gratuit.

Je fais le singe depuis que je suis toute petite”

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