Var-Matin (Grand Toulon)

AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr

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Ça ne ressembler­a pas à une friperie de fond d’église. Non. Ça ne sentira pas le renfermé. Non plus. Ici, il y aura des vêtements très tendance sur les portants. Et aussi du vintage avec du beau cachet. En parfait état. À l’entrée, un buffet des années cinquante, pépite chinée récemment. Là, un petit coin salon de thé. Et puis, 1 000 à 1 300 pièces à découvrir sur les cintres. Ils s’y voient déjà, Elsa et Joël, en caressant la magnifique façade en bois doré du 10 rue Delille, proche de la place Garibaldi, à Nice. Ça y est, ils ont les clés. Dans les semaines à venir, le couple de trentenair­es installera ici son club des Simone. Pour Simone de Beauvoir, Simone Veil, Simone Signoret. Parce que c’est un nom « ludique, qui se retient bien aussi », sourient les deux tourtereau­x. Un magasin de seconde main chic ? Il y a un peu de ça dans leur idée. Mais elle est dotée d’un fonctionne­ment bien différent des dépôts-ventes classiques.

Pour peanuts

Ici, une fois son ticket d’entrée au club acquis (lire ci-contre), on échange vêtements et accessoire­s. La valeur monétaire disparaît, l’échange remplace l’achat. En gros, on amène une pièce et on repart avec une autre. Pour peanuts. « C’est écologique, économique et simple », souligne Joël. Facile à comprendre, non ? Eux, en tout cas, ont très vite adhéré au concept. « On est partis deux ans vivre et travailler au Canada... Chacun dans son domaine [Elsa est éducatrice spécialisé­e et Joël travaillai­t dans les achats de pièces pour Bombardier]. C’est làbas qu’on a découvert ce type de boutiques. À Montréal, en voyant la précision avec laquelle les habitants triaient leurs déchets, on s’est mis en tête de devenir aussi vertueux qu’eux. On achetait en vrac notre alimentati­on. » Petit à petit, ils finissent par pousser les portes du Shwap Club, un magasin de seconde main dans lequel on apporte les vêtements que l’on souhaite échanger et on repart avec ce qui fera notre bonheur. « Une boutique très à la cool, dans laquelle on se déchausse avant d’entrer, on peut faire des soirées... On s’est dit “C’est génial, faut faire ça en France” » Leur permis vacances travail touche à sa fin. La parenthèse américaine – Elsa et Joël en ont profité pour sillonner les États-Unis et le Canada à bord d’un van, baptisé Auguste – se referme mais l’envie de faire connaître l’échange de vêtements demeure intacte. En France, mais où ? Le couple – elle est « Normançois­e, Normande d’origine, Niçoise de coeur » , il est Corse – s’est connu et a déjà vécu dix ans à Nice.

 m au look rétro

« Ce serait peut-être plus simple d’ouvrir une telle boutique dans une ville comme Toulouse ou Bordeaux. Mais à Nice, les choses bougent aussi autour de l’écologie... Et on a tous nos amis » Alors ce sera ici, dans la capitale azuréenne. Un local de 70 m2 au début de la rue Delille sur lequel ils lorgnent depuis leur retour, en début d’année 2020. Enfin, c’est signé. Il y a un peu de peinture à faire. La déco à fignoler. Pour une ouverture prévue fin septembre. Après l’accoucheme­nt d’Elsa... Car Simone n’est pas le seul bébé attendu par les amoureux !

« Un lieu dans lequel on se sente bien »

Pour que tout se déroule sans accrocs, la jeune femme a constitué un stock de départ, en fouillant et dénichant de belles pièces avec sa soeur des jours durant dans les archives d’un grossiste en seconde main, à Aubusson près de Clermont-Ferrand. « Une petite entreprise, qui pratique la réinsertio­n. Bien pensante, c’est un plus aussi pour nous », insiste Elsa. Après, aux futures Simone d’amener leurs pépites à échanger en boutique, au lieu de les laisser dormir dans le placard. Ce club se révèle comme une véritable alternativ­e à la fast fashion, incluant la notion de plaisir. « On a envie de faire du Club un lieu dans lequel on se sente bien. Avec des soirées pour les membres annuels. Des ateliers couture. Pourquoi pas aussi des coups de pouce look, pour ceux qui ne sauraient pas trop comment s’y prendre pour porter certaines pièces rétro...»

Rens.leclubdess­imone.fr ou sur Instagram :@leclubdess­imone Boutique au 10 rue Delille à Nice, dont l’ouverture est prévue fin septembre.

> On fait vite du tri dans son placard. On sélectionn­e les sapes tendances – dans l’air du temps ou vintage cool – propres, sans taches ni trous, et de saison (mars à octobre : printemps / été, novembre à février : automne / hiver) que l’on ne porte plus, et on file les échanger. Pour cela, il faut, après avoir pris contact sur le site, se rendre à la boutique avec  pièces maximum pour procéder à l’échange.

> Au Club des Simone, certains vêtements ne sont pas acceptés : les sous-vêtements, les maillots de bain, les tee-shirts basiques, les chaussures. Les chemises et jeans sont, eux, les bienvenus en toutes saisons. Toutes les marques sont acceptées : le coup de coeur vestimenta­ire est privilégié à la valeur monétaire de la pièce. Toutes les tailles sont admises : femmes, hommes et enfants de  à  ans.

> Elsa et Joël contrôlent ensuite les vêtements sur leur table de triage (équipée d’une lumière bleue digne des Experts !). S’ils sont validés, ils génèrent des crédits. S’ils ne sont pas acceptés, ils sont rendus ou recyclés selon le choix de son propriétai­re.

> Chaque pièce acceptée donne droit à un crédit : un vêtement adulte (si le club s’adresse surtout aux femmes, une sélection hommes sera en magasin) vaut  crédit. Un vêtement enfant (il y aura aussi un coin des mômes) vaut , crédit. Une veste ou un manteau vaut  crédits. Un accessoire (ceintures, chapeaux, écharpes, foulards, cravates... ) compte aussi pour , crédit.

> L’adhésion annuelle au Club coûte  par mois, soit  par an et permet l’échange en illimité. L’entrée unique est à  et permet l’échange de cinq vêtements. Au mois, l’adhésion coûte  et offre la possibilit­é d’échanger dix pièces.

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