ARCHITECTE DU PATRIMOINE
Depuis plus de 20 ans, cette professionnelle, longtemps basée à Toulon, s’est spécialisée dans la réhabilitation et la restauration de bâtiments et monuments.
Son terrain de jeu, c’est le sud. Plus particulièrement le Var. L’acronyme AVAP (pour aire de mise en valeur de l’architecture du patrimoine) n’a plus de secret pour elle. Diagnostic, études préalables et faisabilité, établissement de dossier d’autorisation de travaux font également partie des compétences de son cabinet, désormais installé à Arles. Rencontre avec l’architecte Véronique Wood.
Comment vous êtes vous prise de passion pour le patrimoine ?
C’est quelque chose qui m’a toujours intéressé dans ma formation d’architecte. J’étais particulièrement attirée par les bâtiments anciens et les techniques traditionnelles. Après mon diplôme en , j’ai exercé dans un cabinet classique, je m’occupais de maisons, de bâtiments… Ce n’est qu’en , après une formation spécifique d’histoire et de conservation des monuments anciens à l’École de Chaillot à Paris, que je me suis véritablement spécialisée.
Pourquoi le patrimoine est-il aussi important ?
Il fait clairement partie de notre histoire. C’est absolument essentiel de l’entretenir, de le mettre en valeur. Le patrimoine est porteur d’identité. Une ville qui a un centre ancien, par exemple, elle a une âme. Et généralement ses habitants y sont attachés. Je suis persuadée que l’avenir de chaque société est façonné par la manière dont son patrimoine et ses monuments sont gérés, conservés, réinventés.
De quelle façon travaillez-vous ?
Il faut d’abord comprendre les édifices. Cerner comment, quand et par qui ils ont été construits. Savoir quelles sont les structures d’origine et les différentes transformations qui ont été faites. Pour ce travail préliminaire mais capital, il faut réaliser beaucoup de recherches.
Quelles sont les contraintes particulières que vous devez gérer ?
Un architecte d’une manière générale doit s’adapter au contexte, il doit prendre en compte le site. Les contraintes peuvent donc venir de la fonction, de l’usage, du paysage… Il y a un certain nombre de normes à respecter. Travailler sur le patrimoine rajoute une nouvelle contrainte. Et elle prévaut sur tout. Les procédures vont être encore plus strictes lorsqu’il s’agit de monuments historiques. Globalement, on travaille toujours en collaboration avec les architectes des bâtiments de France.
Qui sont vos clients ?
Ce sont beaucoup des collectivités. J’ai l’impression qu’il y a une prise de conscience de plus en plus forte de la valeur du patrimoine. Un centre ancien insalubre, invivable, ce n’est plus acceptable. Je peux aussi travailler avec les particuliers. Ça m’est arrivé d’aménager des édifices patrimoniaux en habitation par exemple. J’aime travailler à la fois sur l’intérieur et l’extérieur. Les jardins, l’environnement direct sont très importants à intégrer dans tout projet.
Quels sont les projets qui vous ont le plus marqués dans votre carrière ?
Mon travail est très varié, difficile donc de choisir. Le plus vieux bâtiment sur lequel j’ai travaillé m’a laissé un très bon souvenir. Il s’agit de la Chartreuse de Montrieux-le-Vieux, qui date du XIe siècle. Je me suis également occupée du château d’Esparron de Pallières. Je n’ai travaillé que l’intérieur du bâtiment. Nous avons fait la restauration des anciens salons, de tapisseries, de décors en plâtre… Sans oublier le renforcement de la structure. J’ai également beaucoup bossé sur les centres anciens de La Ciotat, Hyères et Toulon. J’ai refait des immeubles entiers par exemple. En ce moment, je suis sur le plan de protection des villes d’Orange et de SaintRaphaël. Je mène des recherches sur la cité, sa construction, son développement, les différentes couches successives d’interventions… L’idée, c’est de redonner une cohérence à l’ensemble.
Vous vous êtes également chargé de la restauration de l’ancien casino de Tamaris, à La Seyne…
C’est un projet que j’ai terminé il y a peu. C’était pour du privé. Pendant un an, nous avons refait tous les extérieurs de ce bâtiment néo-oriental. C’est un édifice tout à fait particulier, construit par Michel Pacha à la fin du XIXe siècle. Je me suis plongée dans les archives, j’ai retrouvé le projet d’origines, des cartes postales… Il fallait que j’aie cette vision de l’époque pour comprendre les différentes modifications que l’ensemble avait subies et lui redonner une lisibilité qui allait le mettre en valeur.
Vous travaillez beaucoup dans le Var…
J’ai vécu ici pendant des années. Je n’ai déménagé mon cabinet à Arles que récemment. Et j’ai toujours un point de chute à Hyères. J’y viens quasiment toutes les semaines. Il y a pas mal de demandes de restauration et de mise en valeur dans le département. Le patrimoine varois est riche.