Var-Matin (Grand Toulon)

UNE HISTOIRE DE FIL ET D’ÉPÉE

Notre photograph­e est monté à bord du bateau de Jean-Michel Orosco à Théoule-sur-Mer.

- F.C.

✔ 4 heures du matin. Le petit port de la Figueirett­e à Théoulesur-Mer est encore plongé dans le noir. Jean-Michel, 50 ans, prépare minutieuse­ment son bateau « Patrick III », avec lequel il navigue depuis de nombreuses années dans la baie de Cannes. Avant d’embarquer, il partage avec moi les superstiti­ons des marins : on n’embarque jamais d’oeufs durs (signe de malheur), on ne prononce jamais les mots « lapin » ou « encore, encore un poisson ».

✔ 4h15. « Patrick III » sort du port pour s’élancer dans la pénombre. Trois heures de navigation à l’horizon. Cap au 141 au sud-est de Cannes pour retrouver les balises de géolocalis­ation, calées la veille, signalant les quinze kilomètres de palangres.

✔ 5h15. Les premières lueurs du jour commencent à poindre : entre les phares du cap d’Antibes à l’Est et celui de cap Camarat à l’Ouest, un véritable tableau de maître entre ciel et mer.

✔ 6 h 15. Le soleil amorce sa percée entre les nuages. JeanMichel délaisse la barre pour s’accorder sa première cigarette et savourer cet instant de magie.

✔ 6h50. Le pêcheur enfile ses bottes en caoutchouc et démarre le vire palangre à l’arrière du bateau.

✔ 7 h 15. Jean-Michel lance sur la vireuse les 15 km d’une ligne mère sur laquelle sont attachés des fils de nylon avec des hameçons. Il va falloir remonter les 500 hameçons, et les débarrasse­r un à un des 100 kg de maquereaux accrochés comme appâts. La journée ne fait que commencer.

✔ 8h20. Le regard fixé sur l’horizon pour éviter une éventuelle collision, Jean-Michel sent une tension sur son câble de pêche : un premier espadon. Il doit absolument mesurer plus d’un mètre de longueur entre la mâchoire inférieure et la base du V de la queue (sinon il est remis à l’eau). Sans difficulté le pêcheur, après l’avoir gaffé, le remonte à bord.

✔ 8 h 50. Les terres ont disparu. Au milieu de la Grande Bleue, le petit bateau de pêche continue sa route. Au loin on aperçoit un cargo et un porte containers. Les yeux de Jean-Michel s’enflamment. Il sent une nouvelle prise. Effectivem­ent : c’est un magnifique spécimen de plusieurs mètres. Impossible de le remonter à la gaffe, il faudra plusieurs cordes et une poulie pour le hisser à l’avant du navire.

✔ 10 h. J’ai posé mon appareil photo pour l’aider à désamorcer les appâts, l’odeur du maquereau est insoutenab­le. Une troisième prise s’est malheureus­ement décrochée.

✔ 12 h 30. Cinq heures se sont écoulées depuis le début de la pêche, la seconde et dernière balise est remontée. Notre homme est moyennemen­t satisfait. Cap au 319, retour au port. Jean-Michel pèse les deux cétacés, le premier comptabili­se 16 kg et le second 48 kg. Ils seront vidés et placés dans une bâche isotherme remplie des 100 kg de glace emmenés ce matin à bord.

✔ 13 h. Trois longues heures nous attendent pour rejoindre Théoule, largement le temps de casser la croûte au milieu d’une mer d’huile.

✔ 14 h. Un appel est passé au centre national de surveillan­ce des pêches maritimes afin de prévenir de notre retour, et annoncer le nombre d’individus à bord et leur poids. Ensuite, il faut patienter quatre heures avant d’être autorisé à les débarquer et permettre aux Affaires maritimes d’effectuer un contrôle.

✔ 17 h. Jean Michel accoste. Il procédera à la débarque vers 18 h.

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Jean-Michel Orosco est l’un des rares pêcheurs à être habilité à pêcher l’espadon, ce poisson tellement apprécié des gourmets.
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