Troubles intestinaux et turista au menu des vacances
Si la turista frappe plutôt les voyageurs dans des pays tropicaux aux normes d’hygiène inférieures aux nôtres, un changement d’habitudes alimentaires suffit à provoquer des troubles intestinaux
Vomissements, diarrhées, ballonnements : turista ou troubles intestinaux s’invitent parfois au menu des vacances. Rien de très grave, mais il vaut mieux prévenir que guérir pour éviter de gâcher quelques précieuses journées de congés. Les conseils du professeur Stéphane Schneider, gastro-entérologue au CHU de Nice, professeur en nutrition.
Turista ou troubles intestinaux, c’est quoi la différence ? La turista est une maladie infectieuse, que l’on contracte en général dans des pays situés au niveau de l’Équateur avec des niveaux d’hygiène inférieurs à nos standards européens. Les troubles intestinaux – un inconfort digestif avec des douleurs et des troubles du transit, diarrhées, constipation ou ballonnements… – peuvent être provoqués par un simple changement d’habitudes alimentaires, en particulier chez les personnes qui souffrent déjà d’un syndrome du côlon irritable.
Pourquoi ces troubles intestinaux sont-ils plus fréquents l’été ? Ces troubles sont provoqués par une partie des aliments qui n’est pas absorbée par l’intestin grêle et qui va nourrir les milliards de bactéries du microbiote, au niveau du côlon. Ces aliments que l’on retrouve dans le côlon, ce sont notamment les fruits et légumes, que l’on consomme plus en été. Or quand on change brutalement son alimentation, les bactéries du microbiote doivent s’adapter.
Certaines vont fermenter, produire des gaz et des corps gras. Cela perturbe l’équilibre existant et crée les désordres intestinaux.
« Aussi inconfortable que ce soit, il n’y a aucun risque pour la santé »
Comment traiter ces désagréments ? Dans les deux cas, turista et troubles intestinaux ne nécessitent pas forcément de traitement. Le risque principal avec la turista, c’est la déshydratation, il faut donc bien s’hydrater, en faisant attention à ne pas se recontaminer. Pour les intestins irritables, les symptômes vont persister tant que l’on ne revient pas à son alimentation habituelle ou jusqu’à ce que le microbiote s’adapte.
Les personnes qui sont sujettes à ces troubles disposent
en général d’un ralentisseur de transit, d’un traitement pour les spasmes. Quelqu’un qui n’a jamais eu de problème avant aura plus souvent besoin de consulter.
Quels conseils de prévention ? La prévention, c’est le plus important. Pour la turista, il faut veiller à maintenir une bonne hygiène des mains et éviter l’eau du robinet sur les destinations identifiées à risque. Pour éviter les désordres intestinaux, il faut veiller à la qualité et à la quantité de son alimentation, en évitant tout changement brutal. Surtout si l’on sait que l’on a un intestin irritable… On évite de se jeter sur un aliment qu’on n’a jamais goûté, en particulier les fruits et les légumes. Pour certaines personnes, cela peut être les épices… On change son alimentation très progressivement. Les probiotiques peuvent être
intéressants en prévention, mais chacun y réagit différemment.
Quand faut-il consulter un médecin ? Si les symptômes sont préoccupants ou s’ils durent. En cas de troubles intestinaux, il peut arriver que le médecin fasse un diagnostic différentiel qui met en évidence une maladie qui ne s’était pas encore déclarée, mais c’est très rare. Aussi inconfortable que ce soit, il n’y a aucun risque pour la santé. Ces perturbations sont même plutôt un signe de bonne activité du microbiote. Le signe que l’on nourrit bien son côlon !