HARO SUR LES PIGEONS
Un pigeonnier « contraceptif » installé à Toulon Le test grandeur nature est mené square Kennedy
De loin, l’objet évoque une petite vigie, un mirador, voire la version XXL d’un radar routier. Mais dans les yeux d’un pigeon, la cabane perchée installée square Kennedy, face au pôle universitaire, fait figure d’hôtel quatre étoiles. On y sert à boire et à manger et les chambres sont idéales pour que Monsieur et Madame Pigeon puissent y roucouler en paix et décident d’y fonder une famille... Ce que nos tourtereaux ignorent, c’est qu’une fois les oeufs pondus, une main humaine viendra discrètement les percer pour faire en sorte qu’ils n’éclosent jamais. Une manière – à moyen terme – de faire baisser la population de ces volatiles, qui n’ont pas bonne presse dans nos grandes villes. Certains vont sans doute trouver le procédé un peu tordu, mais on est loin des méthodes expéditives encore employées dans certains territoires, où l’on capture ces oiseaux par dizaines avant de les gazer. « Il ne s’agit pas de les exterminer, mais de réguler la population », insiste Mohamed Mahali, adjoint au maire chargé de l’écologie urbaine. Pour ce faire, et après des mois – des années : nous écrivions déjà sur le sujet en janvier 2018 – de réflexions, Toulon a donc décidé de se doter d’un pigeonnier contraceptif. À l’instar d’autres villes comme Marseille, Paris, ou, plus proche de nous, La Farlède ou Bormes. « Dans la capitale, ce genre de dispositifs a permis de réduire la population de 70 % », rapporte l’élu toulonnais. Ici le choix a été fait de confier l’installation à une société privée et la gestion à une association colombophile basée au Pradet. Coût total de l’opération : 30 000 euros pour quatre ans.
Un système bientôt étendu ?
Si ce site en entrée du centre-ville a été retenu, c’est parce qu’il est particulièrement prisé par les pigeons, avec tout de même l’accord de l’architecte des Bâtiments de France quant à son aspect. « C’est une expérience que nous lançons. Dans quelques mois, il sera temps de faire un bilan et, si c’est efficace, d’étendre ce système à d’autres quartiers », prévient Mohamed Magali. Car d’est en ouest et du sud au nord, les pigeons sont mal-aimés dans toute la ville. Une mauvaise réputation due en premier lieux à l’acidité de leurs déjections, qui salissent les façades et abîment les carrosseries des voitures. Ensuite, parce qu’ils ont la réputation (un peu injuste) de transmettre des maladies. Enfin, « parce que ceux qui ont la fâcheuse habitude de les nourrir, attirent indirectement d’autres animaux encore plus nuisibles, comme les rats », note l’adjoint au maire.
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