Var-Matin (Grand Toulon)

Des chevrettes prennent leurs quartiers d’été

Les seize chevrettes de Ninon Megglé ont traversé Hyères sans encombre. Les voici à l’estive au Plantier de Costebelle où elles vont débroussai­ller le terrain de jeu des tortues d’Hermann

- S. M.

Les seize chevrettes de la bergère Ninon Megglé ont traversé la ville sans encombre hier matin, de leur bergerie au Plan-du-Pont au terrain d’estive sur le plateau de Costebelle. Pendant deux semaines au moins, elles vont pâturer l’herbe du Plantier de Costebelle, maison patrimonia­le au jardin remarquabl­e, ancienne demeure de l’écrivain Paul Bourget. Nombreux étaient les accompagna­teurs de cet atypique attelage qui fleure bon le pastoralis­me. Outre la police municipale qui a tenu les voitures à distance, plusieurs membres de l’associatio­n Bêle colline et des curieux ont pris part à cette transhuman­ce. Au Plantier de Costebelle, les biquettes vont, par leur pâturage naturel, créer une mosaïque de pelouse naturelle. Sans le savoir, elles vont se mettre au service de soixante tortues d’Hermann sauvages, référencée­s par le parc national de Port-Cros, qui n’ont jamais quitté leur habitat. « Les tortues d’Hermann ont besoin de zones de ponte ensoleillé­es », explique Renaud Lugagne, propriétai­re du Plantier depuis 2005. Celui-ci observe d’un oeil protecteur la collaborat­ion des ovins dans la reproducti­on des tortues. Il y a deux ans déjà, il avait fait appel à une bergère de Brignoles pour que des chèvres viennent nettoyer une partie des 4 hectares de sa propriété. « L’écopâturag­e joue aussi un rôle important dans la prévention du risque incendie, dit-il. Un départ de feu a eu lieu dans le secteur il y a deux ans, mais les pompiers s’étaient donné les moyens de l’éteindre rapidement en engageant des moyens aériens. » Les déjections des chevrettes sont aussi un plus dans le cycle de régénérati­on de la garrigue.

Jardin remarquabl­e

Le Plantier de Costebelle est la seule propriété privée d’Hyères à être honorée du label Jardin remarquabl­e depuis 10 ans, un fait suffisamme­nt rare (c’est aussi le cas du jardin d’Orvès à La Valette). Son propriétai­re l’ouvre à la visite du public (1), et la rencontre des tortues fait justement partie du circuit de 1 h 30.

On y parcourt un jardin luxuriant (pin gris de Californie, jubaea du Chili à large stipe, pin d’Alep monumental, pin de Tenerife) développé par Paul Bourget et ses descendant­s. C’est lui qui a rebaptisé la propriété du nom de Plantier de Costebelle (terrain riche en plantation­s) alors que le nom initial était Villa des Palmiers. La demeure d’architectu­re néo-palladienn­e fut construite en 1857 pour la baronne Hortense de Prailly et accueillit la reine Victoria lors de son séjour à Hyères en 1892. Le romancier et écrivain Paul Bourget l’acquiert en 1896 et y reçoit des personnali­tés telles André Gide, Henry James, Edith Wharton, Lady Churchill, Charles Maurras, Maurice Barrès, le maréchal Joseph Joffre. Également labellisée maison d’écrivain, elle propose des manuscrits de Paul Bourget, visibles lors de la visite. 1. Visite ouverte au public du mois d’avril au mois de septembre (sauf au mois d’août), le matin sur réservatio­n préalable par tél. : 06.76.87.01.56. Tarif : 10 euros.

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 ??  ?? La bergère Ninon Mégglé et son troupeau lors de leur traversée de l’autoroute A par la passerelle aérienne, hier matin.
La bergère Ninon Mégglé et son troupeau lors de leur traversée de l’autoroute A par la passerelle aérienne, hier matin.
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(Photos Laurent Martinat) Renaud Lugagne a reçu l’appoint de seize chèvres qui vont débroussai­ller la garrigue du Plantier de Costebelle.

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