Pontevès : débat autour de la cloche de l’église
Si je devais modifier le Plan local d’urbanisme, je n’en verrai pas la fin”
Dans le silencieux village de Pontevès, le chant des coqs ne dérange personne. Ils font partie de la vie rurale de ce petit bourg, assez haut perché, pour se mettre à l’abri d’une invasion citadine. Être si près du ciel et ne pas jouir d’une absolue tranquillité, un comble ! La faute à la cloche de l’église, qui n’en fait qu’à sa tête depuis des lustres. « Elle sonne très fort et jamais à l’heure », tempête avec ironie Frank Panizzi, le nouveau maire, investi le 3 juillet. C’est plutôt son voisin, en passant à moto tôt le matin, qui lui donne la bonne heure... à condition qu’il ne soit pas en retard.
« L’écologie c’est le bonheur ! »
La cloche sonnera bientôt l’heure juste. Le mécanisme, classé monument historique, va être changé. Le 19 août, rendez-vous est pris pour le premier devis. Les Pontois et Pontoises voudront-ils l’entendre la nuit ? Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir : la démocratie participative. Ils vont être sondés et que la majorité l’emporte. Mais attention, prévient Frank Panizzi, « si quelqu’un veut qu’elle sonne
la nuit, et qu’il habite de l’autre côté de la commune, on lui demandera de réviser
sa position. » La population devra aussi se prononcer sur les lampadaires : est-elle d’accord pour les éteindre à partir de 23 heures ? Une mesure écolo, simple, source d’économie, comme le maire en a promis. « L’écologie c’est le bonheur ! Dans notre équipe municipale, on l’entend comme ça. Les mesures les plus simples sont les meilleures. On a rendu le marché piéton. C’est une mesure gratuite et appréciée. Avec l’équipe sortante, on s’est opposé sur le quotidien. Oui le quotidien. »S’ila pris les rênes d’une mairie saine financièrement, il veut montrer que son équipe peut agir sans dépenser. Une position qui ne sera peutêtre plus d’actualité d’ici la fin du mandat.
Clore le dossier de la salle des fêtes
Si c’était là les seuls problèmes
du village, tout irait bien dans le meilleur des mondes. Mais il y a la salle des fêtes. Elle a été le sujet poids lourd de la campagne électorale. Certains habitants lui reprochent son prix : 1,9 million d’euros, hors frais de conception et d’étude. D’autres la trouvent surdimensionnée pour un village de 800
âmes. « Elle n’est pas si grande. La salle des fêtes est à l’étage, et en dessous il y a le Centre technique municipal. Il faut en tenir compte. Et il faut voir ce que ça a coûté réellement aux Pontois. Il y a eu des subventions à hauteur de 70% », défend Frank Panizzi. Pour lui, le dossier est clos. Si ce n’est le nom donné à cette salle : Espace des Claux. Il n’aime pas mais cela coûterait trop cher de le refaire, vu qu’il a été écrit en belles lettres, par un ferronnier.
« Le château, on va tous en profiter »
Un autre dossier a fait jaser pendant la campagne : celui du château. Mais les ragots devraient cesser bientôt à en croire le maire, gendarme retraité, reconverti dans les pompes funèbres. « Certains candidats ont clamé qu’il n’appartenait pas à la commune mais à un privé. On va produire la preuve que c’est un bien public. C’était juste un retard du cadastre. La commune l’a acheté 92 000 euros, lors d’une vente aux enchères à la bougie, en 2009, à Paris. Et ce château, on va tous en profiter. » Les tours seront aménagées. Il y a aura des concerts et autres manifestations sur l’esplanade. Mais rien cette année, à cause du Covid-19.
Le casse-tête de l’aïoli
Voilà qui lui laisse le temps de résoudre le problème de l’aïoli, qui attire de moins en moins de monde, à peine 80 habitants sur les 800 que compte la commune. Comment est-ce possible ? Les Belges - une communauté de 300 personnes environ accueillent la foule à leurs fêtes. Pourquoi pas l’aïoli ? s’interroge Frank Panizzi. Il n’a aucune explication pour l’instant. Il faudra plus de temps pour trouver une solution au problème du Cercle de la Fraternité, fermé pour des raisons de sécurité. À la fois bar, salle pour les lotos, les joueurs de cartes et autres joyeusetés pagnolesques, il manque pour tisser un lien social. Des visiteurs, l’équipe municipale en veut, mais pas des milliers non plus. Elle souhaite un tourisme de qualité et raisonné. Avoir du monde, ce n’est pas l’épicerie, seul commerce du village, qui fait aussi dépôt de presse, bar et poste qui s’en plaindrait. Heureusement qu’elle était là pendant le confinement.
Pas touche au Bessillon
De toute façon, la population va augmenter. « Les zones constructibles vont le rester, précise Frank Panizzi. Si je devais modifier le Plan local d’urbanisme, je n’en verrai pas la fin. » De quoi taire la polémique sur la nouvelle station d’épuration. Elle a été prévue pour trente ans mais serait trop grande pour le nombre d’habitants actuel, reprochent certains Pontois. Ce qui entraînerait des dysfonctionnements et des pollutions. C’est l’affaire empoisonnée dont a hérité la nouvelle équipe, la précédente ayant attaqué le constructeur devant les tribunaux. En tout cas, l’urbanisation ne touchera pas le Bessillon, le Petit comme le Gros qui culmine à 813 mètres. Frank Panizzi en donnerait sa parole, mais il ne veut pas le faire classer : « Ce serait perdre la main sur sa gestion .» C’est au plus haut sommet de ce massif montagneux, vierge de toute construction, mis à part la vigie des pompiers, qu’il s’est rendu deux jours après son investiture. Des problèmes y avaient été signalés : camping sauvage, voitures... Làhaut, la vue est à couper le souffle sur la plaine des Maures, la Sainte-Victoire et la Sainte-Baume. « C’est ici que l’on viendra avec les élus, pour reprendre des forces, et repartir motivés. Si on en a besoin...»