À Bargemon : soit l’Ehpad soit la mort
Nadine Decarlis, la toute nouvelle maire, veut garder sur son territoire cet établissement pour personnes âgées, source d’emplois, qui fait vivre la commune de 1391 habitants
Depuis le 3 juillet, Nadine Decarlis est Madame Le maire de Bargemon. À l’heure de la sieste, le village est comme figé hors du temps. Mais pas de doute, on est bien au XXIe siècle. Trois fillettes répètent une chorégraphie devant la médiathèque. La musique s’échappe d’un téléphone portable posé au sol. Un peu plus loin, une trottinette vert fluo, appuyée contre un mur en vieilles pierres, près de la rue du cheval, attend son cavalier. À côté de la porte de la prison, commandée le 1er janvier 1665, au menuisier Philippe Roux, une vignette patrimoine, offre son flashcode à ceux qui veulent en savoir plus. Et quelques discrètes caméras de surveillance guettent les incivilités. Il y a eu vol de pots de fleurs, des accrochages verbaux et même une petite bagarre. Le garde municipal et les gendarmes sont là pour freiner cette petite délinquance.
Le poumon de la commune menacé
Madame Decarlis est déjà dans son bureau. Depuis son élection, elle découvre petit à petit, « quelques bonnes nouvelles et beaucoup de mauvaises .» « Des dossiers nous interpellent, mais le plus gros est celui de l’Ehpad. Pour le conseil départemental du Var et l’Agence régionale de santé, les 49 lits ne sont plus rentables. Ils envisagent d’en faire un plus grand. On aurait un terrain mais si la construction ne rentre pas dans leur budget, l’Ehpad devra fermer. On a eu un accord pour trois ans encore à partir de cette année. Et après...» Après, si l’établissement quitte la commune, c’est l’effet domino : des emplois qui disparaissent, des familles qui partent, moins d’enfants à l’école avec un risque de fermeture. Et le pharmacien mettrait peut-être la clé sous la porte. « Les personnes âgées, c’est soixante emplois en comptant le personnel de l’Ehpad et celui du SSIAD, le Service de soins infirmiers à domicile. L’Ehpad, c’est le poumon de la commune. Il faut se battre pour le garder. »
Un autre dossier, vieux de quinze ans, pèse lourdement sur la commune : celui de la rue François Maurel, où des bâtiments s’enfoncent. « Le site a été sécurisé, il y a dix ans, mais l’État qui devait rembourser ne l’a pas fait. Les propriétaires n’ont pas été indemnisés. Et aujourd’hui, l’État nous demande une étude de sol générale sur tout le territoire de la commune » explique le maire.
«Onnepeutpas rester inerte »
Voilà pour les vieux dossiers. Mais avec son équipe, elle compte bien laisser sa marque dans le village : couvrir la piscine pour en profiter plus longtemps, mettre les Bargemonais à l’heure du développement durable, à commencer par les enfants du primaire qui bientôt mangeront des produits bios ou issus de circuits courts. L’hôtel de ville est au frais sous les platanes. Leurs houppiers tendent une longue ombrière de l’entrée à la sortie du village, classé monument historique. Une langueur estivale flotte dans l’air. Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser Nadine Decarlis à se présenter aux municipales. « Mon équipe et moi savions ces points noirs. Mais on trouvait que l’équipe précédente manquait d’énergie. Il y avait de la lenteur. Je croise les doigts. J’espère avancer pendant mon mandat. On ne peut rester inerte. Je l’ai souvent dit à Yves Bacquet, le maire précédent. »
Un audit pour arrêter les comptes
En urgence le budget a été voté. Il ne donne pas beaucoup de capacité d’investissement. Pour trouver de l’argent, elle sollicitera très vite son intercommunalité : Dracénie Provence Verdon agglomération. Mais en attendant... « Nous souhaitons lancer un audit, pour arrêter les comptes à un moment donné et voir la capacité financière réelle de la commune. Tout ce qui s’est passé après cet arrêt des comptes, on en sera responsable. » Voilà qui est dit ! Et cela ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd.