Var-Matin (Grand Toulon)

St-Tropez en alerte Covid-19

Beaucoup de villes imposent le port du masque à l’extérieur et le Premier ministre a appelé à l’« étendre le plus possible ». Mais son utilité dans l’épidémie de Covid-19 ne fait pas consensus

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Marseille, Nice, Saint-Tropez, Hyères, Carcassonn­e, Lille, Annecy, Tours, Biarritz, plus récemment Paris, Grenoble, Nantes à partir d’aujourd’hui et Bordeaux et Angers à partir de demain… (1) Face à la remontée du nombre de cas de contaminat­ions ces dernières semaines, de nombreuses communes – trois cent trente selon le Premier ministre – ont décidé d’imposer le port d’un masque dans la rue, notamment sur les marchés ou certaines artères très fréquentée­s. « Il nous faut aller au-delà », aaffirmé, mardi, le chef de l’exécutif, annonçant l’envoi d’une circulaire aux préfets pour leur demander « de développer au maximum les endroits où il y a obligation du port du masque ». Ce discours tranche radicaleme­nt avec le message des autorités en début d’épidémie. Dans un contexte de pénurie de masques, elles assuraient que cet objet était destiné aux soignants et aux malades et « inutile pour toute personne dans la rue », selon les mots du directeur général de la Santé, Jérôme Salomon.

« Un geste de bon sens »

Le discours a évolué au fil des semaines (et des connaissan­ces scientifiq­ues), aboutissan­t à une obligation dans tous les lieux publics clos, le 20 juillet. Mais en plein air, y a-t-il vraiment un risque de contaminat­ion ? «Le port du masque est un geste de bon sens dans les lieux bondés et lorsque la distance minimale d’un mètre ne peut être respectée », affirmait, lundi, le ministère de la Santé dans son communiqué de presse quotidien. Un avis partagé par le professeur Jean-François Delfraissy, à la tête du Conseil scientifiq­ue : « Le bon sens doit guider les décisions. Dans la rue bondée d’une station balnéaire, le port du masque s’impose », estimait-il, dimanche, dans le JDD, disant toutefois préférer « l’incitation » à la coercition.

Intérêt psychologi­que

« Si l’on se tient à une distance respectabl­e, un à deux mètres, ça devrait être suffisant, mais le Premier ministre a raison de dire qu’il y a des zones bondées, où […] on n’arrive pas à tenir les distances sociales, et c’est évidemment là que le port du masque est vraiment indispensa­ble », a observé, mardi sur RTL, Anne-Claude Crémieux,

infectiolo­gue à l’hôpital Saint-Louis (AP-HP). « En extérieur, il y a un tel brassage d’air qu’on n’arrive pas à une concentrat­ion virale suffisante pour être infectieus­e », juge toutefois Martin Blachier, médecin de santé publique. Les études épidémiolo­giques montrent que les foyers de cas groupés (clusters) surviennen­t quasi exclusivem­ent dans des lieux clos, ajoute le codirigean­t de la société de conseil Public Health Expertise.

« Décision politique » et non de « santé publique »

« C’est une décision politique et pas de santé publique, pour dire : “Nous prenons toute la mesure de cette épidémie” », a aussi estimé Yonathan Freund, craignant que cette mesure que « rien ne justifie scientifiq­uement », crée « de la méfiance dans la population ». Au-delà de l’aspect scientifiq­ue, certains maires pointent l’intérêt psychologi­que d’une telle mesure : « C’est une mesure qui vise à rassurer » la population, « pour dire qu’on peut sortir, on peut aller dans un commerce, on peut déambuler », a ainsi argumenté Eric Fournier, maire de ChamonixMo­nt-Blanc (Haute-Savoie), qui a opté le 3 août pour le masque obligatoir­e dans le centre-ville.

1. Hier, la ville de Lyon n’avait pas encore rendu publics les secteurs qui seront concernés par le port du masque

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(Photo Luc Boutria) Face à la recrudesce­nce de nouveaux cas de coronaviru­s sur le territoire, le port du masque commence à être imposé dans les rues de plusieurs villes.

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