Var-Matin (Grand Toulon)

Elle doit rembourser une retraite qu’elle ne perçoit plus

Une Raphaëlois­e de 66 ans qui touchait une petite retraite doit rembourser un “trop-perçu” de 15 000 €... Et a donc dû se remettre à travailler. Elle attend une médiation... depuis 2 ans

- N. PASCAL npascal@varmatin.com

C’est une histoire pour le moins rocamboles­que. Celle d’une femme au bord de la crise de nerfs, qui a travaillé toute sa vie pour une paye et une retraite de misère, victime d’errances de la part de sa caisse de retraite. Entre autres... Mais c’est sa fille, Aurore, qui raconte, sa mère étant peu disposée à détailler sa situation, la gorge nouée entre fatigue extrême, honte, colère et tristesse. « Âgée de 66 ans, ma mère Chantal est née à Saint-Raphaël (1) et y a toujours habité. Elle est femme de ménage, agent d’entretien. Pris dans les méandres administra­tifs, suivie et aidée par une assistante sociale au CCAS (lire ci-contre), elle est dans l’attente d’obtenir un médiateur de sa caisse de retraite afin de tirer tout cela au clair. » Chantal ajoute : « Cela fait deux ans que j’attends ! » De quoi s’agit-il exactement ? « Atteinte d’atrophasie faciale due à un AVC, suivie par les hôpitaux de Nice, ayant survécu à deux cancers et étant dans un état de santé neurovégét­atif, elle est contrainte de continuer à travailler à son âge, à 66 ans – alors que son employeur l’avait mise à la retraite à 62 ans sans lui demander son avis – afin de rembourser 15 000 euros d’un prétendu « trop perçu » de retraite et ce, jusqu’à ses 70 ans, sans savoir pourquoi, s’insurge la fille. Chantal recevait 1 000 euros par mois en ALD (affection longue durée) depuis son premier cancer. Mais elle n’a rien perçu les premiers mois, et a donc continué de travailler un peu, tout en étant déclarée. Cependant, sa prime ALD lui a été retirée tout de suite. Après quelques mois, on lui a versé 600 euros de retraite pendant un an. » Vient l’année d’après, où elle reçoit un redresseme­nt de « trop-perçu », de l’ordre de 15 000 euros.

Plus de mutuelle !

« À ce jour, je n’ai toujours pas eu d’explicatio­n », déplore Chantal, qui en a parlé à son assistante sociale. « Cette dernière lui a conseillé d’arrêter de rembourser, précise Aurore. Malgré la pandémie, son loyer, ses charges et son faible état de santé, elle a remboursé 350 euros par mois, tous les mois jusqu’à aujourd’hui ! Elle n’a pas le choix, dit-elle, et continue de payer par peur qu’un huissier de justice vienne taper à sa porte. Et bien sûr, on ne lui verse plus d’argent pour sa retraite... En somme, elle doit rembourser une retraite qu’elle ne reçoit pas et ce tous les mois ! Elle a aussi perdu son chômage qui a probableme­nt été amalgamé dans sa retraite, alors que cela n’aurait pas dû être le cas. » À ce jour, pas de nouvelles d’un médiateur, pourtant réclamé depuis deux ans à la caisse de retraite la Carsat Sud-Est (lire ci-dessous). Et ce n’est pas fini ! Aurore enchaîne : « Pour combler le tout, la sécurité sociale lui avait donné un chèque de 650 euros pour qu’elle le reverse à sa mutuelle, Pacifica, en ACS (qui remplace la CMU), ce qu’elle a fait en mars. Malheureus­ement, à cause de la crise sanitaire, la mutuelle prétend ne pas l’avoir reçu... Une lettre, la semaine dernière, lui a indiqué que son chèque était caduc, alors qu’elle l’a bien envoyé en temps et en heure, et qu’elle n’avait donc plus de mutuelle ! Si elle veut continuer de bénéficier de l’ACS, elle doit alors payer 300 euros de sa poche. C’est scandaleux ! » Sans médiation, la situation semble inextricab­le... À moins que ?

1. Son prénom a été modifié.

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(Photos Sophie Louvet) Chantal, perdue dans ses dossiers, ne sait plus comment s’en sortir.

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