Var-Matin (Grand Toulon)

Je veux être sincère et vulnérable.”

- Amaurette@nicematin.fr

Son visage n’est pas inconnu des cinéphiles. Comédienne pointue et saluée, dans un cinéma souvent engagé – Swann d’or de la révélation féminine à Cabourg en 2012 pour le Bye Bye Blondie de Virginie Despentes ; deux fois nommée aux Césars en 2010 et 2017, espoir féminin d’abord pour À l’origine au côté de François Cluzet, puis meilleur actrice pour La Danseuse avec Lily-Rose Depp – Soko va très bientôt refaire parler d’elle pour A Good Man , de Marie-Castille Mention-Schaar. Sélectionn­é à Cannes et privé de cérémonie pour cause de crise sanitaire, le film sera présenté au Festival de Deauville du 4 au 13 septembre prochain. En attendant, c’est aux oreilles des mélomanes que Soko murmure. Stéphanie Sokolinski, c’est son nom, Bordelaise installée à Los Angeles, est aussi chanteuse et musicienne. Et dans Feel Feelings, son troisième album qui vient de sortir, la rockeuse écorchée s’est muée en adulte apaisée. Elle livre une pop vaporeuse et sexy, militante et méditative. Douze morceaux qui disent, en anglais (sauf un), l’amour de soi et l’amour des autres, quels qu’ils soient. Les hauts et les bas de l’existence. Les nuances.

Air et Gainsbourg en référence

Pour raconter tout ça, Soko démultipli­e sa voix. Fragile, haut perchée, grave, gutturale. « La voix est tellement importante, dit-elle, en visio depuis chez elle. Je ne parle pas de la même manière à toi, à mes potes, mon bébé, mon amoureuse ou des gens que je viens de rencontrer, notre voix change sans arrêt. Parfois, je me sens plus androgyne, et je n’ai pas envie de chanter comme une fille. La voix a tellement de facettes, comme les émotions, je voulais vraiment travailler ça. » Le sens de l’album, dit-elle, citant l’un de ses premiers extrait Oh to be a rainbow ,c’estça: « Accepter toutes ses émotions. C’est l’arc-enciel : la seule chose qui est possible grâce au soleil et à la pluie. On n’arrive à cette chose magique que quand on accepte les sourires et les larmes. Mon fils s’appelle Indigo d’ailleurs, l’une des couleurs de l’arc-en-ciel… C’est un symbole tellement beau, je trouve, et je ne dis pas ça simplement parce que je suis queer, c’est un symbole universel de l’acceptatio­n de soi. » Musicaleme­nt, celle qui a choisi la Californie il y a treize ans cite, pour la première fois, des références musicales françaises. Air, Gainsbourg… « J’ai voulu que cet album sonne plus français, oui, pour la première fois. Jusqu’à présent je ne voulais surtout pas être considérée comme la french girl aux États-Unis, là aussi, c’est une forme d’acceptatio­n. » Pour la première fois aussi, elle signe un texte en français. Outre sa reprise de Diabolo Menthe, dans la compilatio­n hommage à Yves Simon en 2018, on n’avait jamais entendu Soko chanter dans sa langue maternelle. « Le français ne me vient pas naturellem­ent parce que depuis longtemps, les évènements de ma vie m’arrivent en anglais. Là, ce que je raconte m’est arrivé en France alors ça s’est imposé. C’était le plus sincère. » Et c’est là-dessus qu’elle insiste d’ailleurs. « Dans la vie comme dans ma musique, je n’aime pas quand il y a mille filtres, je veux être sincère et vulnérable. »

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