Une attention constante au sémaphore de Porquerolles
Construit entre 1861 et 1863 au point culminant de l’île, le sémaphore de Porquerolles surveille toute activité nautique entre Cavalaire et la presqu’île de Giens. Des yeux au service de la sécurité
C’est une tour de vigie haute de 14,50 m, qui culmine à 155 m audessus du niveau de la mer. En position dominante au sommet de l’île, sa couleur blanche pour étendard, le sémaphore de Porquerolles souffre d’une situation idyllique. Souffrir étant une expression. De là-haut, le point de vue à 360° est remarquable. « On ne s’en lasse pas, et chaque nouveau visiteur nous rappelle à quel point c’est beau », souffle le second maître Maïssa, chef de quart et officier marinier aguerri. Le sémaphore surveille le plan d’eau de Cavalaire à la presqu’île de Giens, un terrain de jeu très prisé par les plaisanciers. On parle des îles d’Or, sur lesquelles est instauré le parc national de Port-Cros depuis 1963.
Sentinelles des mers
Les sémaphores sont les sentinelles des mers, « les yeux et les oreilles » du préfet maritime, au service du Centre opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) et du Centre opérationnel de la Marine (COM). « Les sémaphores surveillent tout ce qui peut se passer en mer pour assurer la sauvegarde de la vie humaine. Il doit savoir qui est présent sur la zone et pour quelles raisons. Cette surveillance relève des missions permanentes de protection et d’action de l’État en mer et s’inscrit dans l’objectif de défense maritime du territoire », reprend
Maïssa. C’est une spécificité française : une douzaine d’organismes participent à l’action de l’État en mer (armée, gendarmerie maritime, douane, police, pompiers, SNSM...), chacun avec ses spécificités, ce qui octroie des moyens nautiques et aériens importants et complémentaires. Une douzaine de marins se relaient jour et nuit, par équipe de trois, dans la cabine de veille pour une surveillance continue. Des jumelles permettent de distinguer l’immatriculation d’un navire, le nombre de personnes à bord, à une dizaine de kilomètres de distance. Des jumelles à vision nocturne complètent l’équipement. Plaisance, pêche, commerce, bâtiment de guerre, tout est identifié, y compris l’escorte du Président de la République quand celui-ci séjourne à Brégançon. Des radars et le logiciel Spationav renseignent sur énormément de choses. Pour les unités de plus 30 m, une balise AIS (Automatic identification system) délivre le nom et le pavillon du navire, le nombre des personnes à bord, la destination, la vitesse, la cargaison (les matières dangereuses ne doivent pas naviguer à moins de 7 milles des côtes). Pour le reste, les marins sollicitent les skippers par radio VHF. S’ils veulent tout savoir, c’est que les guetteurs sémaphoriques doivent prévoir les moyens à mettre en place en cas d’incident. « Nous faisons l’appui visuel, le Cross coordonne les moyens », résume le maître principal Christophe, chef de poste. Le quotidien est rythmé par cinq à six avaries par jour en été, la plupart pour panne moteur consécutive à mauvais calcul de carburant. La prévention incendie est aussi au menu. À chaque dégagement de fumée sur l’île, une alerte est donnée.