Escapade mystique à la Chartreuse de la Verne
Perché sur une barre rocheuse au coeur du massif des Maures, surgit un monastère monumental. Un ensemble du XIIe siècle qui était encore en ruines il y a 50 ans
La Charteuse de la Verne, c’est un peu le bout du monde. Quand on quitte Collobrières, il faut parcourir une douzaine de kilomètres à flanc de montagne. Et au bout de la route, marcher encore 800 mètres (sauf pour les personnes à mobilité réduite) sur une piste rocailleuse. Mais quand entre la végétation de ce monastère monumental juché sur une barre rocheuse se dévoile, en plein coeur du massif des Maures, de ses forêts de chênes et de châtaigniers, l’instant est magique, même pour ceux qui l’ont déjà vécu. De ce monastère édifié au XIIe siècle, il ne restait que des ruines il y a encore 50 ans. Il était à l’abandon depuis que la Révolution française a contraint les Chartreux à se réfugier en Italie en 1792, oublié et même pillé par les amateurs de pierre en serpentine qui ornait les arches des cloîtres, des fenêtres et des portails. Mais il va renaître, et ce n’est pas un miracle. Plutôt le défi de le sauver que se lance Anne Englebert quand elle crée, en 1969, l’Association des Amis de la Verne. Avec le soutien de son amie Annick Le Moine, elles vont parvenir à arracher le monastère de son destin de « ruines historiques », son classement en 1921, grâce à l’élan de générosité de mécènes, l’appui de la Conservation des monuments historiques, du Conseil général et du Conseil régional.
Une double renaissance
Un à un, les éléments de la Chartreuse vont être reconstruits : l’église Renaissance, le grand cloître avec ses galeries de 90 m et ses cellules, l’église romane qui est consacrée le 3 septembre 2006. Une renaissance qui va être aussi spirituelle : en 1982, des moines de la famille de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de Saint Bruno sont invités à s’y installer et trois ans plus tard, laissent la place aux moniales de cette même famille monastique présente dans le monde entier. Une communauté d’une vingtaine de moniales vit encore à ce jour dans cette Chartreuse rebaptisée Monastère Notre Dame de Clémence. Elles y demeurent chacune dans un ermitage, dans la prière, la solitude et le silence, contribuant aux travaux nécessaires au fonctionnement de la communauté mais travaillant aussi pour produire un artisanat qui alimente le pain quotidien. Les moniales de la Verne ont pour spécialité la décoration minutieuse de poteries selon des traditions orientales anciennes (philistines, marocaines, égyptiennes) ou occidentales (Rouen). On peut les acheter dans la boutique, au milieu d’un choix exceptionnel de l’artisanat provenant d’autres monastères de la communauté : icônes sur bois, statues, encens, cierges, bougies, sandales de cuir, coffrets en bois...
Visite guidée
C’est par cette boutique (qui constituait l’ancienne porterie où les Chartreux stockaient fruits, légumes et réserves diverses) que débute une incroyable plongée dans le temps : vous visiterez la grange, la boulangerie, la chapelle d’Adoration, les remparts, le petit cloître, l’église romane... Par l’une des fenêtres, une vue panoramique s’offre sur le grand cloître de solitude, le coeur du monastère, lieu de vie des moniales. Dans plusieurs salles, des panneaux retracent les étapes de la reconstruction et présente la communauté. Une maquette permet également de visualiser le monastère tel qu’il était à l’époque de la Révolution, rayonnant alors à son apogée. On découvre ensuite une cellule témoin, l’huilerie et le cellier qui clôture la visite... Incontournable, on l’aura compris.
Tous les jours de 11 à 18 h jusqu’au 31 août, puis de 11 à 17 h (sauf le mardi et les jours saints). Fermé les jours à risques d’incendie noirs et rouges. Tarif : 6 € adultes, 3 € 1218 ans et étudiants, 5 € groupes de dix.