Var-Matin (Grand Toulon)

Philippe Pastor : rêves d’un autre monde

Jusqu’au 4 octobre au musée de Bormes-les-Mimosas, l’artiste monégasque interroge : « Est-ce que ce monde est sérieux ? »

- KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

Violence des couleurs, des éléments qui se juxtaposen­t sur la toile. Des strates de peinture, de nature, brute, posée comme pour en rappeler l’essence... Le sens. Essence brûlée, d’ailleurs dès l’entrée du musée de Bormes, avec les six arbres exposés et qui résument le propos : Est-ce que ce monde est sérieux ? Question posée par l’artiste Philippe Pastor. Sérieux, le Monégasque l’est assurément. Révolté aussi par ce qu’il voit. Par l’homme trop ancré dans son monde qui n’a pas conscience du beau qui l’entoure. À travers les trois séries d’oeuvres réunies au musée des arts et de l’histoire, à Bormes, l’artiste traduit autant son admiration pour les beautés du monde que sa colère et son incompréhe­nsion devant l’(in)action de l’espèce humaine... Les Arbres brûlés d’abord. Une série commencée en 2003, après les grands incendies du massif des Maures, où Philippe Pastor avait un atelier alors, épargné par les flammes. L’artiste, particuliè­rement touché par le drame, commence alors à récupérer des troncs calcinés à différents degrés, les retravaill­e au chalumeau en plus de la patine déjà laissée par les flammes. « Comme dans sa peinture, il est aussi allé vers plus de simplicité dans le travail qu’il réalise avec ses arbres » ,résume Andréa Goffre, l’une des agents de l’artiste.

Saisissant­s bleus…

Ses arbres font écho aux toiles accrochées aux cimaises du musée. Avec les temps rappelle le cycle des saisons et dénonce le changement climatique, la violence des éléments. Et rappelle combien la nature, collée par bouts sur les couches de peinture, est fragile autant qu’elle peut être violente. Électrique. Ses Bleu monochrome, dont les pigments naturels rappellent ceux de Majorelle (le peintre se procure d’ailleurs les pigments naturels au Maroc) transcende­nt la toile, apportent lumière et contrastes. Et Philippe Pastor fait jouer les éléments pour dénoncer la pollution marine. À la fois poétique et saisissant. Il faut dire que l’artiste travaille en laissant la toile apprivoise­r la nature... et vice-versa. « Ces grandes peintures peuvent prendre plusieurs années, ajoute Andréa. Elles sont travaillée­s à même le sol, un peu à la manière de l’action painting vulgarisé par Pollock. » Les couleurs et les éléments se répondent, s’embrasent. La nature fait (presque) le reste. Le soleil, le vent inscrivent leur empreinte. Abstractio­n lyrique ? Chacun lira ce qu’il veut. Ce qu’il ressent. Comme cette impression de vue satellite où se dessinent les éléments, où parle une nature exacerbée. Là un oiseau piégé dans le goudron. Là encore, une explosion. Et la nature, toujours. La toile vibre, craquelle, vit. Et on se prend à rêver que ce dialogue qui naît sous nos yeux ne soit pas sourd. Notez que quinze « arbres brûlés » de Philippe Pastor sont également visibles dans le jardin Sacha Sosno, à Nice.

Est-ce que ce monde est sérieux ? Exposition de Philippe Pastor au musée arts et histoire de Bormes-les-Mimosas. , rue Carnot. Entrée libre. Ouvert du mardi au dimanche : en août de  h à  h  et de  h à , en septembre de  h à  h  et de  h à  h et de  h à  h  le dimanche, en octobre de  h à  h et de  h à  h , samedi et dimanche de  h à  h . Rens. ..... ou www.ville-bormes.fr www.philippe-pastor.com

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