Var-Matin (Grand Toulon)

Il y a 50 ans, six marins de la Galatée périssaien­t

Un demi-siècle auparavant, le sous-marin Galatée percutait un navire sud-africain au large de Toulon. Le jeudi 20 août 1970, six marins perdaient la vie dans l’accident

- DORIAN VIDAL

Jeudi 20 août 1970, aux environs de 20 h 30, il fait encore jour sur la rade de Toulon. Le sousmarin Galatée et les quelques dizaines de marins de son bord partent en mer pour y effectuer un exercice. Au même moment, le submersibl­e sud-africain Maria Van Riebeeck regagne le port. Jacky Gaschen, 20 ans à l’époque, est à son poste, dans la cuisine du navire français. En quelques secondes, la sortie en mer bascule, comme le navire. « Dans ma cuisine, toutes les gamelles sont parties en vrac », se remémore l’ancien quartier-maître. Les deux sous-marins de modèle Daphné se percutent. « Çaa secoué tout le monde. On s’est demandé ce qui était en train d’arriver. » C’est la panique à bord et, rapidement, le commandant Lauga ordonne d’échouer volontaire­ment le sous-marin. Une brèche se forme à l’arrière de la Galatée tandis que l’équipage du navire sud-africain parvient à regagner la terre ferme. Un équipage bien connu des marins français. « On faisait des exercices avec eux. Ils logeaient à la base sous-marine », explique Jacky. Tant bien que mal, la Galatée parvient à s’échouer au pied de la falaise de Cépet. Jacky poursuit : « À un moment, on manquait d’oxygène, presque tout le monde est tombé dans les pommes .»

« Ça n’aurait jamais dû arriver »

Après quelques heures d’efforts, l’évacuation du sousmarin par les secours est lancée. En toute fin de soirée, six marins manquent à l’appel : noyés ou asphyxiés, ils ne remettront jamais le pied à terre.

Parmi eux, un jeune homme de 18 ans ou encore un remplaçant de la Marine. Ce dernier n’aurait – initialeme­nt – pas dû se trouver dans le sous-marin. Selon Jacky Gaschen, le bilan aurait pu être encore plus lourd : « Si le commandant n’avait pas rapidement décidé de faire échouer la Galatée, on aurait coulé. » Après avoir été extirpés du sous-marin « comme des pantins » – et non sans mal –, les rescapés sont ramenés à la base navale. Un contrôle a lieu le lendemain à l’infirmerie.

Circonstan­ces mystérieus­es

Même 50 ans après, difficile d’observer un consensus concernant les causes de la terrible collision. Comme à l’époque : « On a toujours pensé que c’était de la faute du sous-marin sud-africain, mais d’autres assurent que c’est de la nôtre. Je ne sais pas. On n’a jamais su. » Quoi qu’il en soit, l’ex-marin tente de ne pas oublier cet épisode cauchemard­esque et cette secousse « qui a surpris tout l’équipage ». Il garde par exemple en mémoire le troisième jour ayant suivi l’accident. « Les morts noyés sont restés trois jours dans le sous-marin. C’est d’ailleurs nous qui avions dû nettoyer nos compartime­nts respectifs. Dans le mien, la nourriture traînait partout. Et puis il y avait cette puanteur… » Le plus important pour Jacky ? « Que les gens n’oublient pas. »

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(Photo DR) De la cinquantai­ne de membres de l’équipage de la Galatée, six ont péri le  août .
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(Photo DR/Marine nationale) Le  août , trois jours après s’être volontaire­ment échouée au cap Cépet, à Saint-Mandrier, afin d’éviter de couler, la Galatée est renflouée par plusieurs remorqueur­s de port.

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