Var-Matin (Grand Toulon)

Entre une semaine et dix jours plus tôt

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Le temps des vendanges ne doit rien au hasard, bien au contraire. Deux cents raisins sont prélevés chaque semaine sur chaque parcelle chez les clients de l’Institut coopératif du Vin (ICV Provence), aux fins d’évaluation : « On les amène dans notre laboratoir­e de Brignoles, où on analyse le niveau de sucre qui va déterminer le degré d’alcool, le niveau d’acidité, et la couleur. En fonction de ces trois paramètres, on décide de la date des vendanges », explique Marjolaine De Renty, consultant viticole au sein de centre oenologiqu­e qui conseille toute la filière, de la vigne au verre. « Cette année, on est entre une semaine et dix jours plus précoce qu’une année moyenne. Nous avons des clients dans toute la région et cette avance est générale, avec des variantes selon les secteurs », précise-t-elle.

Des cépages bio-résistants aux maladies

Les raisons de cette précocité relèvent de la météorolog­ie : l’hiver a été très doux et le printemps suffisamme­nt pluvieux, la vigne a démarré très tôt. L’avance s’est un peu réduite en juin et début juillet, avec des températur­es en dessous des normales saisonnièr­es. « Les pluies printanièr­es régulières et assez nombreuses permettent aujourd’hui à la vigne de ne pas trop souffrir de stress hydrique malgré la sécheresse. C’est bénéfique pour la quantité de raisin et pour la qualité des arômes », indique la spécialist­e. Exceptées les parcelles concernées par le gel des 25 et 26 mars, où une perte de récolte est logiquemen­t redoutée, le vignoble varois cette année est en bon état sanitaire : «Iln’yapaseu de maladie. Quelques attaques de mildiou ayant été maîtrisées, les raisins sont sains et on s’attend à un joli millésime en termes de qualité », souligne Marjolaine De Renty. Ce n’est pas le cas toutes les années. Aussi, l’ICV travaille sur la demande des viticulteu­rs, en quête de cépages qui résistent aux maladies (mildiou, oïdium). « Ce n’est pas de la manipulati­on génétique, c’est de la sélection. Ce sont des cépages qui, en cas de maladie, devront être traités une à deux fois au lieu de cinq à six fois dans une saison. Ce qui est bénéfique pour tout le monde. » Ces cépages viennent de pays méditerran­éens, comme la Grèce, le Portugal. Ils sont plantés sur des parcelles d’essais, chez des clients de l’ICV dans tout le bassin méditerran­éen, de Perpignan à Brignoles. Dans le Var, le domaine Château Duvivier, à Pontevès, est pionnier en la matière.

Répondre à l’attente des consommate­urs

« Cela fait dix ans qu’on fait des vins expériment­aux avec ces cépages. » Ils répondent aux doux noms de Floréal pour le blanc ou Cabernet cortis pour le rouge. Le premier est d’obtention française, le second d’obtention allemande. « Tous les pays européens travaillen­t là-dessus, remarque encore la consultant­e. C’est en lien avec l’attente des consommate­urs vis-à-vis des traitement­s de la vigne. » L’autre tendance de fond consiste à travailler sur des récoltes le plus tôt possible, pour que le raisin ramassé frais arrive plus vite en cave, qu’il soit traité dans le froid. « Partout en Provence, les profession­nels investisse­nt dans des machines pour vendanger la nuit, dans des ceintures de froid autour des cuves en inox, des chais modernisés. Rafraîchir le raisin permet de maîtriser la couleur et de conserver les arômes. Ce sont d’importants investisse­ments, amortis sur le long terme. »

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(Photo Valérie Le Parc) Grâce aux pluies printanièr­es, la vigne ne souffre pas trop de stress hydrique.

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