S’adapter aux aléas du personnel et au coronavirus
« C’est ma quarante-septième vendange, quand j’étais jeune, on la faisait en septembre et on rentrait à l’école en octobre », se souvient Michel Bouisson, du domaine des Sauronnes à Cuers. À 72 ans, il ne peut que constater les effets du changement climatique, et relève : « La vendange est saine mais manque d’eau. La dernière pluie date du 13 juin ». Il n’y a pas d’irrigation dans ce vignoble familial, où les ramasseurs ont débuté lundi et à la main sur 33 hectares entre Cuers et PugetVille. Pour s’y atteler, ils sont seize, dont les deux fils de Michel Bouisson, Christophe, avec lequel il forme le GAEC des Terres Rouges, et Sylvain.
Difficile de trouver du personnel
Le recrutement s’est fait par Pôle emploi, comme en 2019. À cause des conséquences économiques de la crise sanitaire, «ilyabeaucoup plus de candidats car beaucoup de gens n’ont pas trouvé de job saisonnier, dans la restauration notamment », indique-t-il. « J’ai sélectionné des gens en local, pour éviter qu’ils viennent d’autres régions ou d’autres pays. » Mais ce sont des néophytes, ce qui lui a valu des surprises, dès le premier jour : « Sur les sept recrutés, deux ne sont jamais venus. Un a arrêté ce matin (mardi, Ndlr) car il n’avait pas l’endurance nécessaire. Pourtant, c’est un grand gaillard costaud ». « C’est de plus en plus difficile de vendanger à la main, de trouver le personnel adéquat. Je vais en rembaucher d’autres », souligne le viticulteur, un brin agacé. Ce travail, physique et matinal, de 6 h 30 à 12 h 30, avec une pause d’un quart d’heure au milieu, est rémunéré au « salaire conventionné par la profession, un peu supérieur au Smic ». Pour s’adapter aux contraintes sanitaires, le masque est obligatoire dans les véhicules et il fournit des gants dédiés aux travaux agricoles parce que les seaux font un roulement et ne reviennent pas à la même personne. « Les vendangeurs sont deux par rangée avec une vigne d’écart autant que possible. Les gants, ça peut se gérer, on finit par s’y habituer », dit-il.
Première récolte en agriculture biologique
Les vendanges précoces, cela devient presque une habitude, « depuis plus d’une dizaine d’années, témoignet-il. Une année, on avait commencé le 14 août ». Elles ne devraient durer que trois semaines, au lieu de quatre habituellement, en raison « des pertes liées au gel des 25 et 26 mars dernier, principalement sur Cuers », précise-t-il. Pour ce septuagénaire actif, « 2020 est une année un peu difficile. C’est la première récolte en agriculture biologique, on a eu un printemps humide, avec des difficultés à contrôler l’oïdium, on a multiplié les interventions mais on y est arrivé ». Ancien vinificateur, il vend désormais sa production à un grand groupe, à un domaine, et une partie à la coopérative, pour faire « pratiquement 100 % du rosé ».