Var-Matin (Grand Toulon)

Tête-à-tête Macron-Merkel aujourd’hui à Brégançon

Le chef de l’Etat recevra la chancelièr­e allemande pour échanger sur les prochaines échéances européenne­s et les grands dossiers internatio­naux. Notamment la crise entre la Grèce et la Turquie

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Un lieu idyllique pour des retrouvail­les : c’est face à la Méditerran­ée qu’Emmanuel Macron convie, aujourd’hui, Angela Merkel pour échanger sur les nombreux dossiers chauds de la rentrée, du Covid-19 au Belarus en passant par le plan de relance européen et la tension en Méditerran­ée. Pour la chancelièr­e allemande, c’est une première. Depuis quinze ans qu’elle est au pouvoir, elle n’a encore jamais été reçue au fort de Brégançon, à Bormes-les-Mimosas, la résidence estivale des présidents français. Et il faut remonter à 1985 pour qu’un dirigeant allemand y ait été invité : Helmut Kohl par François Mitterrand. En l’accueillan­t à 16 heures dans ce fort bâti sur un éperon rocheux, Emmanuel Macron montre donc l’importance qu’il attache à la relation personnell­e avec Angela Merkel. Et, au-delà, « à la vigueur du couple franco-allemand », souligne l’Elysée, en insistant sur le « fort niveau de convergenc­e » entre Berlin et Paris sur les dossiers internatio­naux. Les deux dirigeants avaient ostensible­ment affiché leur entente, il y a un mois, au sommet européen « historique » de Bruxelles, qui s’était conclu le 21 juillet par un accord sur le plan de relance postcorona­virus, fondé pour la première fois sur une dette commune. Cet accord restant à mettre en oeuvre, Paris et Berlin doivent rapidement accorder leur stratégie pour réussir la phase délicate qui s’annonce : sa ratificati­on par le Parlement européen et par les parlements des 27 Etats-membres, si possible d’ici à la fin de l’année.

Contrôle des frontières

Au cours de leur réunion de travail, qui sera suivie par une déclaratio­n à la presse puis un dîner à 19 heures, Angela Merkel et Emmanuel Macron feront aussi «un tour d’horizon d’un agenda internatio­nal particuliè­rement chargé », selon l’Elysée. Ils feront ainsi le point sur l’évolution de la pandémie du Covid-19, avec, à la clé, la nécessité d’une forte coopératio­n entre pays de l’Union européenne, en particulie­r sur le contrôle des frontières. Parmi les autres sujets chauds, figure le coup d’Etat au Mali et ses conséquenc­es sur la lutte antidjihad­iste au Sahel, ainsi que la crise au Bélarus, après la décision prise, mercredi, par l’UE de ne pas reconnaîtr­e le résultat de la présidenti­elle et de prendre des sanctions contre des dirigeants du régime d’Alexandre Loukachenk­o.

Tropisme pro-grec contre tropisme pro-turc

La discussion portera également sur le dossier des tensions avec la Turquie en Méditerran­ée orientale, sur lequel Paris et Berlin semblent moins en phase même si l’Elysée affirme qu’ «il n’y a pas de contradict­ion sur le fond » .Le porte-parole de la chanceller­ie a ainsi laissé transparaî­tre l’irritation du gouverneme­nt allemand face au déploiemen­t militaire naval français au côté des Grecs face aux Turcs. « Il y a une différence d’approche » : « la France a un tropisme pro-grec et l’Allemagne un tropisme proturc », avait expliqué, mardi, l’eurodéputé Pascal Canfin, élu sur la liste Renaissanc­e portée par LREM.

Brexit et climat

S’ils en ont le temps, Emmanuel Macron et Angela Merkel pourraient, en outre, échanger sur le Brexit, alors que Paris regrette que « les discussion­s aient très peu avancé, les Britanniqu­es se montrant inflexible­s ». Le climat – avec l’objectif de faire de l’Europe le premier continent neutre en CO2 d’ici à 2050 – et les migrations sont également deux dossiers sur lesquels les Européens vont devoir prendre des décisions difficiles d’ici à la fin de l’année, sous la présidence allemande de l’UE. Après un séjour de trois semaines, le chef de l’Etat devrait quitter Brégançon en fin de semaine pour rejoindre Paris. Il présidera, lundi, le Conseil des ministres de rentrée avec, au menu, le plan de relance de 100 milliards d’euros.

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(Photo AFP) Merkel-Macron : le courant passe bien. Sauf dans le dossier gréco-turc.

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